L’art de la séduction en politique : que peut-on en apprendre ?

Comment nos représentants nous séduisent-ils ? Même s’il nous arrive d’être en désaccord avec tel ou tel homme politique, nous voulons bien lui reconnaître un certain charme, une certaine prestance, un certain phrasé, un certain charisme.

Comment font-ils pour retenir notre attention ? La séduction en politique serait-elle devenue l’arme absolue ?

La réponse est oui. D’autant plus que le but du politique n’est pas de séduire une personne mais le plus grand nombre. Et leur conquête vise la majorité, qui comporte aussi bien des femmes que des hommes. Ils ont donc l’obligation de se rendre irrésistibles.

C’est une sorte de joute amoureuse. De la même façon que nous nous apprêtons pour séduire une conquête potentielle, les hommes politiques cherchent à se présenter sous leur meilleur jour devant de potentiels sympathisants ou électeurs. Quelles leçons de séduction nos politiciens peuvent-ils nous donner ? Car la politique est avant tout une histoire amoureuse…

Et comme l’explique Thierry Saussez, « une élection est comme une histoire d’amour, comme si c’était toujours la première fois. Si vous ne donnez pas le sentiment de partir à la conquête, de jouer votre avenir, de tout donner, il y a peu de chance que vous receviez quelque chose. »

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LA CLÉ DE LA SÉDUCTION EN POLITIQUE ? « LE DONNANT-DONNANT »

En amour est-ce la même chose ? Certains d’entre nous l’ont bien compris. Mais l’état amoureux a tendance à nous focaliser sur nos attentes vis-à-vis de l’autre. Et non les attentes, les besoins de l’autre.

• Pourquoi ne m’a-t-il (elle) pas proposé que l’on se voie ce soir ?
  

• Mais nous sommes-nous posés la question de sa fatigue, de son besoin de se reposer ?
• Pourquoi ne m’a-t-il (elle) pas appelé ?
  

• Et nous-mêmes, sommes-nous si disposés à l’autre ?
• Pourquoi ne m’a-t-il (elle) pas acheté un cadeau ou ne semble ne pas être attentionné(e) aujourd’hui ?
  

• Et nous, est-ce que nous disons merci pour les petites attentions que l’on nous prête ?

Souvent nous faisons l’erreur de croire que c’est un dû. Non, ce n’est pas un dû. Pourquoi ?

Si nous voulons recevoir quelque chose de l’autre nous devons être capables de donner. Cela relève de la logique. On doit, bien évidemment, se faire respecter. Et pour cela il nous faut savoir respecter l’autre.

Parce que l’autre existe, tout simplement : et par de petites attentions, il nous fait exister. Il est donc naturel de le faire exister à son tour par un remerciement, un sourire. Cela pour lui signaler que ses gestes d’attentions nous font plaisir. Sinon, pourquoi continuerait-il (elle) à nous les prodiguer ?

Ce mode de fonctionnement, les politiciens l’ont bien compris et l’appliquent à la lettre. Et nous font en permanence comprendre qu’ils nous ont compris, qu’ils prennent en compte nos attentes.

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TRAVAILLER SON PHYSIQUE

À l’ère des médias et de la télévision c’est l’image qui prime. « Avec l’image, tout est plus physique qu’intellectuel, la relation l’emporte sur le contenu, le contact sur le discours. Confucius disait déjà : " une image vaut mille mots. " » [2]

Il est vrai qu’un présidentiable élégant est perçu comme plus crédible. Et cela, parce qu’il fournit un effort. Tout comme un être amoureux devant son amoureuse et inversement. L’effort que produit l’autre pour nous séduire ne laisse jamais indifférent…

De plus, un président ou un ministre représente une nation, un pays et donc leurs citoyens. À choisir, préféreriez-vous être représenté par le personnage de Gargamel dans Les Schtroumpfs ou par le personnage d’Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux ?

FAIRE SUCCOMBER SON AUDITOIRE PAR L’ART DU VERBE

François Mitterrand reste le séducteur politique indiscutable par le verbe. Séducteur de ces dames comme de ces messieurs d’ailleurs. Pourtant il n’avait rien d’irrésistible. Il l’est devenu. Il a travaillé son débit bien trop rapide et ses éclats de voix pour devenir le Casanova de la politique. C’est-à-dire celui qui fait succomber n’importe qui ou presque, hommes ou femmes, par l’art de la parole.

Car contrôler son débit et choisir son vocabulaire permet de mieux organiser ses idées. Et ainsi de les communiquer plus clairement auprès de notre auditoire.

Il est tout aussi intéressant pour notre relation amoureuse de s’assurer que notre partenaire ait bien compris ce que nous voulions lui dire. Cela pour éviter les petits malentendus qui sont souvent source de conflits inutiles.

• Lorsque qu’une femme demande à son amoureux l’air préoccupé « Est-ce que tu vas bien ? » Elle veut dire : « Je sens bien que quelque chose ne va pas. Tu peux te confier à moi, je suis là pour toi. ».
• Lui répond : « Tout va bien. » Il veut dire : « J’ai un problème et je préfère le régler seul. Je suis un homme. Mais si j’ai besoin de ton aide je t’appellerai. »
• La femme comprend : « Laisse-moi tranquille. » Et pense qu’il ne lui fait pas confiance. Or il n’en est rien.

Effectivement, la juste utilisation de la parole permet une communication plus aisée avec notre amoureux. Ce changement de comportement par le verbe installe un climat de confiance et de ce fait, une atmosphère plus saine.

Dans cet exemple, chacun pourrait être plus explicite dans ses questions et réponses. Et l’homme pourrait dire : « ma chérie, je te remercie de te préoccuper de moi. C’est sympa de voir que tu as tout de suite l’œil pour noter qu’il y a bien quelque chose qui me préoccupe. En fait j’ai eu beaucoup de complications professionnelles à cause d’un problème technique depuis 8 jours. Cela me mine. Mais je ne veux pas t’en dire plus car ce n’est pas intéressant et je parlerais volontiers d’autres choses pour me changer les idées. »

Les hommes d’excellence politique nous parlent calmement, ne s’irritent pas même quand un journaliste leur lance une pique. Ils nous impressionnent par la maîtrise qu’ils ont d’eux-mêmes et par cette forme d’implication dans chacune des questions.

Exemple :

Lors du grand débat opposant les présidentiables Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la présidence de la France, ce dernier a été reconnu par les professionnels de la communication comme le séducteur incontesté. Et ce constat s’est aussi révélé parmi les personnes qui étaient en opposition avec ses idées politiques. Qu’est-ce qui a séduit chez lui ?

Son débit était très clair : phrases courtes, vocabulaire simple. Il répondait à chaque question. Il regardait dans les yeux et la journaliste et son adversaire. Alors que Ségolène Royal ironisait sur sa personne, d’une part il ne relevait pas l’insulte et d’autre part, il restait courtois. En somme il s’est montré maître de lui-même et a donc donné l’impression d’être plus compétent que son adversaire politique.

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LA COHÉRENCE, SYNONYME DE FIDÉLITÉ ?

La cohérence des propos témoigne du respect que l’orateur a envers son public. Un individu qui change sans arrêt d’avis perd en crédibilité. Car personne n’a la volonté d’être dupe. Ce qui nous renvoie à l’infidélité et à la confiance dans le couple.

Le manque de confiance en l’autre voire l’infidélité dans un couple peut effectivement arriver. Tout comme l’incohérence reste un cas de divorce entre les électeurs et le candidat potentiel. Tout ce qui soude un couple est la confiance en ses réactions, son soutien. Votre partenaire est cohérent dans ce qu’il dit, promet, met en place. Quand il associe ses actes à ses paroles.

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AVOIR DE L’HUMOUR ET (OU) LE SENS DE L’HUMOUR

L’humour est séduction. Car une personne qui nous fait rire nous rend heureux. Et il créé avec nous un lien de complicité immédiat. La complicité c’est l’entente secrète (ou tacite) entre deux ou plusieurs personnes. Elle est la première connexion établie dans l’état amoureux. Deux êtres ne peuvent être amoureux s’ils n’ont pas établi une complicité.

Observez les hommes politiques. Ils cherchent toujours la fameuse phrase qui va être le moteur d’un éclat de rire général devant un public sérieux. De plus l’humour permet de séduire autant les femmes que les hommes.

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AVOIR DU CARACTÈRE, DU STYLE !

« Le meneur » doit posséder une force de caractère. En ce sens, il doit savoir se maîtriser. Et il doit le faire avec style.

En effet, il est évident qu’il doit avoir sa propre marque de fabrique. Il doit savoir se faire reconnaître instantanément, par sa démarche, son timbre de voix, son expression orale, ou son regard. Sachons offrir à l’autre une empreinte de nous-mêmes…

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ETRE SINCÈRE

Au risque de faire sourire beaucoup d’entre vous, la sincérité en politique est une véritable arme de séduction.

Prenons en exemple le couple adversaire : Hillary Clinton / Barack Obama. Au sein même de leur propre parti, le Parti démocrate, il existe un vrai rejet des Clinton. Le clan Clinton a un rapport difficile avec la vérité et a une conception bien trop guerrière de la politique. Le « gagner à tout prix » n’a pas séduit. Que s’est-il passé ?

Dans leur stratégie de séduction Hillary et Bill Clinton ont ignoré un élément essentiel : aujourd’hui, les électeurs se déterminent et se laissent séduire d’abord en fonction de ce qu’ils perçoivent être les qualités humaines des candidats. Mais aussi, la façon dont ils mènent leur campagne. Les insultes répétées d’Hillary Clinton à l’encontre de Barack Obama n’ont pas fait autant d’adeptes qu’espérés.

Car nous pouvons pardonner les maladresses du début mais pas le mensonge comme mode de communication. Tout comme dans le couple, lorsque la relation se construit sur des mensonges, elle est vouée à l’échec. L’être humain aime rarement la trahison encore plus dans les relations affectives.

Seul le séducteur « gigolo », de bas étage, séduit par les mensonges, mais c’est avant tout parce que la personne qu’il séduit n’est pas dupe et se satisfait très bien de ce mensonge. Le véritable séducteur (séductrice), au contraire, respecte autrui tout comme il se respecte. Par cette attitude, il nous grandit nous grandit et c’est pour cela que nous tombons amoureux (se) de lui (elle).

La séduction en politique est donc un marathon où il faut être présent sur tous les fronts : l’art du verbe, de la cohérence, de l’image, du style. Et aujourd’hui avec l’ère des médias qui ne pardonne rien, celle de la sincérité. Effectivement la première impression, comme dans une relation amoureuse, reste essentielle.