Cas coaching : J’admire cet homme et pourtant, il ne me rend pas heureuse

Cas love coaching de Roxane, 30 ans. Par la coach Florence Escaravage, Love Intelligence.

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Roxane, 30 ans, vit depuis deux ans une relation amoureuse avec Romain, un homme dont l’intelligence la subjugue. Mais elle n’est pas heureuse avec lui, il est trop dur avec elle. Pourtant, elle l’aime.

Sa vision

Ils ont de vraies connivences, ils partagent l’amour des voyages, le goût des livres et l’escalade. Mais elle est malheureuse, car Romain est toujours trop sévère avec elle dès qu’elle est dans « l’à-peu-près ». À la moindre phrase manquant de clarté, au moindre raisonnement un peu faible, il la rabroue et affirme sa supériorité intellectuelle.

Son histoire

Lorsque Roxane vient me voir, elle est à la croisée des chemins. Elle est amoureuse de Romain, mais se demande si elle doit pour autant poursuivre une relation qui ne la rend pas heureuse. Ses amis ne sont pas pour rien dans cette crise de doute : ils considèrent que Romain la traite mal, qu’il n’a pas compris son intelligence de la vie, sa spontanéité. Eux aussi sont parfois très mal à l’aise face à ce garçon dont le complexe de supériorité ne manque jamais une occasion de s’exprimer. Et lorsque Roxane, rabrouée et rabaissée, se mure dans le silence, ses amis sont tristes et inquiets pour elle. Sans parler de ses sœurs, toutes mariées, qui n’osent pas dire grand-chose, mais qui n’en pensent pas moins.

Le sujet du coaching devient donc une tentative de réponse aux questions suivantes : est-ce de l’amour ou plutôt de l’admiration que Roxane éprouve pour Romain ? Comment ne pas confondre les deux ?

Roxane me confie qu’elle vient d’une famille d’intellectuels alors qu’elle-même a fait des études plutôt moyennes, au même titre que sa mère, qui avait été subjuguée par son brillant mari, un intellectuel doublé d’un artiste un peu plus âgé qu’elle. Romain, de son côté, est l’aîné d’une grande fratrie dans une famille où n’était admis à table que celui qui pouvait tenir une discussion intéressante. Les autres étaient relégués en cuisine.

Mon diagnostic

Roxane est donc en train de reproduire le même schéma. Elle met de côté son aspiration à une entente pleine et entière basée sur une complicité profonde et un partage des valeurs, pour se contenter d’admirer un homme intelligent et cultivé qui lui apprend des choses.

Il faut reconnaître que les femmes sont presque toujours attirées par les hommes qui leur apprennent quelque chose. C’est inhérent à la condition féminine : nous aimons que les hommes nous expliquent le système solaire, qu’ils nous fassent part de la dernière découverte en mathématiques, même si nous n’y comprenons rien ! D’ailleurs, messieurs, si vous voulez séduire une femme, apprenez-lui des choses. L’inverse n’est pas vrai du tout. Et comme je déteste les clichés, je vous en sers deux autres : les hommes sont séduits par la vue tandis que les femmes le sont par l’oreille. Les femmes sont plus sensibles à l’intelligence, à la connaissance. Mais revenons à Roxane.

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Cet homme est-il bon à aimer ? Et si le problème était la démesure de Roxane dans son admiration ?

En quoi cela peut-il bien avancer Roxane de savoir qu’elle reproduit le schéma de sa mère ? Tous les cas sont différents ; il ne faut pas qu’elle en tire de conclusion hâtive.

Nous essayons de faire la part des choses entre la saine admiration et l’admiration pernicieuse. La saine admiration est celle que l’on éprouve pour l’autre tout en restant soi, sur un pied d’égalité avec lui. C’est sain quand on admire ce que l’autre réalise parce qu’il se bat, parce que son expérience est riche par exemple de ténacité. L’admiration malsaine consiste à mettre l’autre sur un piédestal pour qu’il vienne combler un problème d’estime de soi, en l’occurrence ici un complexe intellectuel. Roxane avait besoin d’exhiber à son bras un homme dont elle était fière. C’était une manière de dire à son entourage : « Regardez, moi, la Roxane qui n’était pas bonne en classe, j’ai réussi à intéresser cet homme exceptionnel ! » Elle pensait ainsi se hisser à son « niveau ». Après tout, pourquoi pas n’est-ce pas ? On peut tout à fait le comprendre : aimer les gens brillants, intelligents, ce n’est pas répréhensible. Mais il y avait là un problème qui devenait invivable : la sévérité de cet homme à son égard.

S’il n’avait eu ce comportement qu’avec elle, on aurait sans doute pu corriger les choses. Mais en l’occurrence, il agissait ainsi avec la plupart des femmes, tout en étant très maladroit, surtout avec Roxane. Il dénigrait les femmes qui manquaient de plomb dans la cervelle et son niveau d’exigence était haut. C’était par ailleurs un homme très à l’aise avec ses copains, avec lesquels il discutait des heures durant au restaurant le soir… Roxane était amoureuse de lui, mais elle reproduisait le comportement de sa mère, alors même que cela l’agaçait de la voir se laisser dominer intellectuellement par son père.

Jauger la relation

Ce que je constate, c’est que Roxanne aime Romain et qu’il n’est pas question de rupture. J’essaie d’en savoir davantage sur les relations entre Romain et les parents de Roxane. Mais il n’y a rien à en dire puisque, en deux ans de vie de couple, Roxane n’a toujours pas organisé les présentations. Elle se décide enfin à le faire, ne sachant bien évidemment pas ce qu’il va advenir de cette rencontre, qui s’avérera pourtant décisive : au lieu de trouver formidable que sa fille ait réussi à trouver un homme aussi brillant, le père de Roxane voit tout de suite, du haut de sa maturité et de son âge, que ce Romain est un crétin ! Roxane comprend que son père se fiche pas mal de la verve intellectuelle de Romain : il veut juste le bonheur de sa fille et il a bien compris qu’avec cet homme-là, elle allait droit dans le mur, à se laisser ainsi égratigner sempiternellement son estime de soi.

Le coaching se poursuit, mais difficilement, car j’ai devant moi une Roxane amoueuse et qui souffre. Et puis, à moi, ce Romain ne me semble pas si crétin ; seules ses valeurs comptent à mes yeux. Je me fiche de sa célérité intellectuelle. Je suis sûre qu’il est encore jeune, encore mal dégrossi et qu’il peut rapidement s’améliorer. Je suis franchement convaincue qu’il y a bien meilleur à révéler en lui.

Néanmoins, il faut gérer la crise. Roxane ne parle que de quitter cet homme qu’elle aime. Elle est déjà partie une fois et est revenue. Je compatis, Roxane est malheureuse et subit des humiliations intolérables. Elle reste néanmoins fière de son homme et de ses nombreuses qualités. Je lui conseille de se donner trois mois et de pousser Romain dans ses retranchements

Cherchons dans le même temps à comprendre comment elle peut parvenir à changer de posture afin qu’il n’ait plus de prise sur elle pour l’atteindre et la blesser. Comment peut-elle l’amener à gagner en maturité, à concevoir l’amour comme le respect de l’autre, à accepter d’évoluer ? Par la suite, s’il n’y a aucun signe positif, s’il n’y a aucune évolution, il sera plus facile de le quitter en connaissance de cause. Parce qu’elle pourrait être malheureuse longtemps, mais je n’y crois pas trop.

À elle de changer si elle veut qu’il change

Mais Roxane se braque et les choses s’enveniment. Elle comprend que Romain ne fera rien pour l’aider à s’épanouir, qu’elle s’étiole au contraire à son contact et que ce manque de confiance en elle qu’il entretient dépasse le cadre de leur relation amoureuse : elle se sent minable au travail et n’ose plus s’exprimer en public, alors qu’elle a toujours été spontanée. Elle se rend compte qu’elle n’est pas aimée pour ce qu’elle est. Il y a certes des points communs entre eux qui la retiennent (l’amour des voyages, l’escalade qu’ils partagent), mais on ne bâtit pas tout sur des centres d’intérêt communs. Plus Roxane pousse sa réflexion, plus Romain rapetisse à ses yeux, plus elle le remet à son niveau. C’est le tournant qu’il fallait prendre.

Finalement, grâce à ce travail de connaissance de soi et d’identification de ses besoins réels, Roxane quitte Romain et renoue avec un ex-amant qu’elle avait rejeté au bout de quelques semaines (parce que Romain était apparu à ce moment-là). Cette personne avait toute la densité humaine et le respect dont elle avait besoin pour être heureuse.

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La suite !

Roxane vit une belle histoire, mais une histoire qui est, telle une photo, le négatif de sa relation avec Romain. Elle dure quatre mois, durant lesquels elle ne me donne pas de nouvelles, puis revient me voir. « Romain me relance. Je l’aime encore. »

Ce cas est particulier, parce que Romain est jeune. Il a 30 ans, vient tout juste de sortir des grandes universités, il est encore plein d’illusions. Et surtout, Roxane croit qu’elle ne s’est pas encore affirmée. Pourtant, elle commence à être en position de faire ce que je mentionne plus haut, à savoir : 1) changer de posture afin qu’il n’ait plus de prise sur elle pour l’atteindre et la blesser ; 2) l’amener à gagner en maturité, à comprendre que l’amour, c’est le respect de l’autre, y compris dans ses fragilités. J’explique à Roxane que c’est le moment de s’imposer ; elle se sent plus forte et doit avoir une conversation franche sur ces deux points. Si Romain promet de faire des efforts, qu’il comprend ce qu’elle dit, alors oui, elle pourra retenter l’aventure.

Les règles de conduite pour ne jamais laisser l’autre déborder du périmètre acceptable

Je fais travailler Roxane sur le fait qu’elle doit systématiquement le remettre à sa place quand il veut la tacler, même gentiment. Faire aussi de ses amis à lui (qu’elle trouve sympathiques) ses alliés, ses complices. Tous doivent passer le mot à Romain. Lui dire que la cour d’école, c’est fini, encore plus avec la femme qu’il aime. C’est une stratégie, un plan de positionnement que nous avons bâti toutes les deux.

« Il peut évoluer, lui dis-je. Mais faites-le mûrir, grandir sur ce qu’est une relation respectueuse. » Je ne rentre pas dans les détails du rapport qu’entretient Romain avec ses parents, que l’on a quelque peu creusé : Romain a confié à Roxane qu’il souhaitait suivre une thérapie, le temps de deux ou trois séances, juste pour voir. C’est un homme intelligent, qui sait qu’il doit en passer par là pour mieux aimer, mais il lui faut encore du temps. 

Je crois que Roxane, quand elle a repris sa relation avec lui, avait lâché quelque chose ; elle y croyait, c’est tout. Elle lui passait ses enfantillages ; cela blessait bien plus ses amis qu’elle-même quand il s’y aventurait de nouveau. On a travaillé sur le fait que c’était « son défaut à lui », mais elle savait que ce n’était pas méchant. C’était maladroit. C’était son enfance blessée qu’il rejouait avec elle. Comme il avait l’intelligence d’aller chercher à comprendre cela en thérapie, Roxane misait sur le fait que le rapport qu’il avait avec elle allait évoluer. Et puis ils avaient parlé « enfants » et, depuis ce jour-là, il avait fortement baissé le niveau de critique.

Et s’il était fasciné par Roxane ?

Ce que je percevais aussi, c’est que Roxane était tout de même une sacrée jeune femme. Romain devait certainement lui reconnaître de nombreux atouts dont lui-même n’était pas doté, notamment celui d’être cool, sympa avec tout le monde, toujours partante et de bonne humeur. Lui avait ses problèmes relationnels familiaux, il se mettait beaucoup de pression dans son travail. Il était chahuté dans son autorité professionnelle et se sentait affaibli par des plus gaillards que lui.

Nous avons aussi travaillé sur la féminité de Roxane. Car s’il la « vannait » encore devant les autres, elle reconnaissait aussi garder parfois sa posture de « bonne copine ». Nous avons donc réfléchi à ce que voulait dire « se positionner en femme ».

Être une femme

Roxanne était en train de comprendre qu’elle était, en plus d’être une bonne copine, également une femme pouvant l’aider à prendre confiance en lui dans plusieurs domaines de sa vie. Ayant cerné tout ce qu’elle lui apportait, elle se mettait à son niveau et, surtout, se repositionnait dans un rôle de femme suffisamment mûre pour laisser passer ses maladresses de « mec à copains » un peu immature. Elle était surtout assez adulte pour lui faire entendre posément que l’amour en jeu valait mieux que cela. Elle avait pris conscience qu’elle pouvait le faire grandir et gagner en maturité affective.

A ce jour,  Roxane et Romain sont toujours ensemble et font la paire !

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