Comment l’amour à la française est-il perçu aux Etats-Unis ?

‍

Les Américaines ont une certaine « fascination » pour les françaises, et ce depuis des générations. Le mot fascination est peut-être un peu fort, mais il est vrai que de l’autre côté de l’Atlantique, nos consœurs nous observent avec curiosité. Nombres d’ouvrages parus ces dernières années (How the French Invented Love : 900 Years of Passion and Romance de Marilyn Yalom, French Women don’t get fat de Mireille Guiliano, French children don’t throw food de Pamela Druckerman, All you need to be impossibly French d’ Helena Thrift Powell, The Secret Life of France de Lucy Wadham, La séduction : how the French play the game of Life d’Elaine Sciolino…) en sont la preuve. Tous ces livres, sans exception, sont des best-sellers aux Etats-Unis et/ou au Royaume-Uni.

Alors les français seraient-ils vraiment plus laxistes en ce qui concerne les relations hommes/femmes ? Les Américaines ont-elles vraiment de quoi envier les Françaises ? Les françaises sont-elles aussi peu solidaires entre elles que voudraient nous le faire croire certains des auteurs précédemment mentionnés ? Voici quelques éléments de réponse.

‍

LES FRANÇAIS SERAIENT-ILS TOUS DES DON JUAN INVÉTÉRÉS ?

Il semblerait que nous ayons une réputation sulfureuse quand il s’agirait d’amour. Yup La France est dans le monde entier synonyme de glamour, d’élégance et de chic…surtout Paris. True Cette image qui colle à la peau de l’Hexagone remonte à plusieurs siècles maintenant. En revanche, l’idée que les français sont infidèles et très libertins en matière de sexualité reste très répandue dans l’imaginaire collectif américain, et les livres précédemment cités n’ont de cesse de véhiculer cette image de la France aussi stéréotypée qu’elle puisse être. True ! Inutile de préciser qu’avec l’affaire Dominique Strauss Kahn, la bataille médiatique sans précédent à laquelle se sont livrées la presse française et la presse américaine n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin de ces clichés culturels tenaces.

‍

QUELLES DIFFÉRENCES Y-A-T-IL DANS LES RAPPORTS HOMMES/FEMMES EN FRANCE ET AUX USA ?

Lucy Wadham, dans son livre intitulé The Secret Life of France (La vie secrète des français), déclare que les rapports hommes/femmes en France sont radicalement différents de ceux qu’entretiennent nos homologues américains. Le féminisme français étant moins radical et sonore que le féminisme américain, Lucy Wadham est d’avis que les françaises sont moins en conflit permanent, bien que sous-jacent, avec les hommes. La femme française ne souhaite pas à tout prix être l’égale de l’homme. Elle demande juste à avoir les mêmes opportunités, notamment dans son éducation et dans sa vie professionnelle, sans pour autant revendiquer et brandir de façon systématique l’étendard de la parité.Elle tient à rester femme, l’homme français tient à rester homme. Chacun doit pouvoir vivre avec l’autre en ne trahissant pas son genre. Aux Etats-Unis (et au Royaume-Uni) les cases dans lesquelles sont rangées les genres, les sexes, ne sont pas aussi étanches. Les femmes tendent à lutter ouvertement ou plus implicitement avec les hommes afin de faire la démonstration de leurs capacités égales à celles des mâles. Hors de question aux Etats-Unis de draguer un peu trop lourdement une demoiselle, d’être trop entreprenant ou de faire une blague sexiste (aussi drôle soit-elle). Les batailles féministes ont été bien plus acharnées et plus dures Outre-Atlantique. C’est donc un sujet avec lequel on plaisante peu, et ne venez pas dire à une femme qu’elle ne peut pas faire ceci ou cela parce que elle est femme.

‍

LE JEU DE LA SÉDUCTION EST DONC DIFFÉRENT D’UN PAYS À L’AUTRE

‍

Les françaises l’acceptent

En France, par conséquent, les femmes acceptent plus aisément d’être courtisées, d’être l’objet de flatteries visant clairement à les amadouer…et elles entrent donc plus facilement dans le jeu de la séduction. Aucune raison de s’offusquer, en règle générale, si un homme que vous connaissez peu vous complimente (quelques astuces pour manier l’art du compliment) sur votre tenue ou vos atouts du moment que les formes y sont mises. Les femmes françaises n’ont pas le sentiment d’être dans une position d’infériorité par rapport aux hommes lorsqu’ils les « draguent ». Elles ont parfaitement conscience d’être au centre d’un processus de conquête…mais au lieu d’associer de mauvaises intentions à cette attitude conquérante, les françaises préfèrent se dire qu’elles sont l’objet de la convoitise masculine et se laissent séduire si aucun signe d’agressivité ou d’intrusion n’est manifesté par l’homme.

‍

Les américaines s’en méfient…

Selon Helena Thrift Powell, les américaines seraient généralement plus méfiantes que les françaises lorsqu’un homme les approche. En revanche les codes de séduction sont les mêmes dans les deux pays une fois le contact établi. Toujours selon Madame Thrift Powell, les français seraient très largement infidèles à leur moitié et tout cela serait accepté et acceptable de et par tous, sans pour autant l’afficher au grand jour. Tous les français, ou presque, ne s’offusqueraient donc pas de leur propre infidélité et accepteraient celle de leur partenaire tant qu’ils n’en n’ont pas de preuve flagrante. L’absence d’esprit féministe des françaises les conduiraient à ne pas exiger l’infidélité à tout prix de leur mari. Nos valeurs morales seraient bien plus laxistes… évidemment beaucoup de français ne se reconnaîtront pas dans ces propos.

‍

LES FRANÇAISES SERAIENT MOINS SOLIDAIRES ENTRE ELLES QUE LES AMÉRICAINES

Les Anglphones possèdent un concept bien à eux dont nous sommes dépourvus en France : le « sisterhood ». Selon les américains, les françaises seraient tellement obsédées par l’idée d’être séduisantes et séduites, qu’elles feraient passer la solidarité féminine au second plan. Aux Etats-Unis, entre filles, on se sert les coudes contre vents et marées…et surtout on fait front contre les hommes qui pourraient à tout moment reprendre le dessus. En France, l’amitié c’est bien…mais peut-être que l’amour c’est mieux. Toutes les filles ont des copines qu’elles tiennent en haute estime. Mais les françaises ont peut-être moins tendance à se constituer un groupe de copines dès l’adolescence et à y rester loyales jusqu’à ce que la mort les sépare. Ce sont d’ailleurs les américains qui ont inventé et exporté les enterrements de vie de jeune fille et les enterrements de vie de garçon dans les autres pays occidentaux. Dans cette culture américano-britannique, il est important de se retrouver entre hommes ou entre femmes pour parler et se distraire sans aucune intrusion de l’autre sexe. C’est une façon de se retrouver, de former occasionnellement des « clans » séparés, comme pour ne pas oublier à quel sexe on appartient. Certains vont même jusqu’à penser que cette attitude plus souvent observée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis qu’en France, engendrerait une forme d’agressivité ouverte de la part de ces femmes envers les hommes…ce qui reste néanmoins à prouver.