Révolution de l’éducation affective : Inspirations internationales et pistes d’amélioration pour la France

Dans un monde en constante évolution, où l’on veut s’affranchir de tous les modèles précédents (et notamment le modèle patriarcal) les relations amoureuses partent d’une page blanche comme l’écrit souvent Florence Escaravage.

Nos relations amoureuses sont plus complexes car nos attentes sont immenses. Et nos possibilités amoureuses, plus interconnectées que jamais,  sont à portée de clic.

L’importance de l’éducation affective ne peut être sous-estimée. Mais elle n’est jamais envisagée sous l’angle affectif mais toujours sous l’angle sexuel, consentement, respect de soi, ou parfois gestion des émotions. On n’enseigne pas encore comment faire grandir une relation…Love Intelligence œuvre seule en ce sens depuis bien longtemps auprès des écoles qui ont le souci de parler, aussi, d’amour à l’école et non uniquement de harcèlement ou consentement.
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A l’heure où Gabriel Attal propose le projet des cours de 8h à 18h pour tous les jeunes, leur évitant de « traîner » dehors, nous aimerions tant que ce sujet soit associé à une politique d’éducation affective qui pourrait aider à réduire le taux de mères célibataires isolées et en difficulté, à réduire les violences intra familiales, à réduire les séparations brutales…

Pour le développement intégral de la personnalité des élèves, certains pays ont mis en place des politiques sur ces thèmes : respect de soi, gestion d' émotions (mais ne parlent pas encore de l’amour).Cependant, c’est déjà un grand pas. Ces pays comprennent  que cette éducation a un impact direct sur la santé mentale des élèves, sur leur bien-être social et leur réussite scolaire. Ces politiques d’éducation affective vont chercher à combler le fossé souvent observé dans les systèmes éducatifs traditionnels qui privilégient l’acquisition de connaissances académiques au détriment du développement émotionnel et social des élèves.

Des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou même Singapour se distinguent dans l’avancement de cette dimension émotionnelle.

Cet article propose d’explorer ces thématiques en fonction des programmes mis en place de chaque pays, tout en fournissant un aperçu des suggestions que Love Intelligence propose pour renforcer ces politiques d’éducation affective en France.

Singapour et sa politique d’éducation affective : le SEL

A Singapour, le programme d’Apprentissage Social et Emotionnel (SEL) a été intégré dans le système éducatif dès 2005. C’est à cette date que le Ministère de l’Education a commencé à le mettre en oeuvre de manière systématique dans les écoles primaires et secondaires :

- Les compétences relationnelles dans le SEL sont conçues pour équiper les élèves avec les outils nécessaires pour interagir de manière efficace et respectueuse avec les autres. Cela inclut la capacité à établir des relations saines, à communiquer de manière claire et attentive, à coopérer avec les autres, et à résoudre les conflits de manière constructive.
Les élèves apprennent l’importance de bâtir des relations fondées sur la confiance et le respect mutuel. Les leçons peuvent également porter sur la manière de définir des limites personnelles et de respecter celles des autres, ce qui est essentiel dans toutes les relations, y compris les relations amoureuses.

La communication est au cœur des compétences relationnelles, le SEL met l’accent sur la communication verbale et non verbale, enseignant aux élèves comment écouter activement et exprimer leurs pensées et émotions de manière constructive. Cette compétence est cruciale dans le domaine de l’amour et des relations de couple, où les malentendus peuvent facilement surgir sans une communication claire…

En Angleterre et sa politique d’éducation affective : le miSP

En Angleterre, le MiSP a été fondé en 2009 avec pour mission d’améliorer la santé mentale et le bien-être des enfants et des jeunes. L’organisation reconnaît que, au-delà des compétences académiques, les compétences de résilience émotionnelle et mentale sont essentielles pour que les jeunes puissent prospérer dans ce monde actuel complexe. Le MiSP a développé plusieurs programmes adaptés à différents groupes d’âges :

La pleine conscience dans la vie quotidienne des adolescents anglais
D’abord le « .b » conçu pour les 11-18 ans qui vise à introduire ce que l’on appelle : la pleine conscience dans la vie quotidienne des adolescents.
On appelle donc pleine conscience le fait d’apprendre à focaliser et à ramener l’attention où l’on souhaite, être conscient de l’instant présent sans se laisser distraire par des pensées sur le passé ou le futur, identifier les schémas de pensées habituels, en particulier ceux qui peuvent être destructeurs ou négatifs pour mieux les gérer, adopter une attitude d’acceptation envers soi-même et les autres, favorisant ainsi la compassion et la bienveillance.

Aux USA, la politique d’éducation affective : CASEL

Aux Etats-Unis, le programme du Collaborative for Academic, Social and Emotional Learning (CASEL) date de 2017. Il est principalement focalisé sur le développement de cinq compétences clés dans le cadre de l’apprentissage social et émotionnel :

• la conscience de soi,
• l’autogestion,
• la conscience sociale,
• les compétences relationnelles
• et la prise de décision responsable.

Ces compétences visent à améliorer la compréhension des élèves de leurs propres émotions, à comprendre et partager les sentiments des autres, à développer l’empathie pour les autres, à établir des relations positives.

La situation en France

Comparativement, l’éducation affective semble fragmentée et souvent réduite à des programmes spécifiques tels que l’éducation à la sexualité, le consentement ou la prévention du harcèlement.
Bien que la loi de 2018 pour une école de la confiance ait renforcé l’attention sur le climat scolaire et le bien-être, la France ne figure pas parmi les nations les plus avant-gardistes en matière d’éducation affective. 15% seulement des écoles françaises, publiques ou privées, respectent les 3 cours par an. Dès le primaire maintenant, ces cours peuvent être enseignés. Au collège ou lycée, l’infirmière scolaire ou la prof de svt peuvent s’en charger et c’est souvent un exercice difficile pour lequel toute la documentation est fournie mais pas de formation spécifique. D’autres structures scolaires préfèrent faire appel à des professionnels de l’éducation affective ou à des associations. Le manque de temps scolaire reste aussi l’un des plus grands freins à la mise en place de cette politique d’éducation affective.

La performance scolaire grâce à l’apprentissage social et émotionnel
Une méta-analyse de Taylor et al. en 2017 suggère que l’apprentissage social et émotionnel peut augmenter les performances académiques de près de 11% !

En somme, même si des éléments de l’éducation affective sur l’amour et les relations amoureuses sont présents dans le système éducatif français, ils ne constituent pas le cœur d’un programme dédié exclusivement à cette thématique. Il existe donc un potentiel de développement pour des politiques plus ciblées et approfondies pour favoriser aussi des relations amoureuses saines. La 2^ème cause de suicide chez les adolescents étant la rupture amoureuse, l’enjeu est grand !

Pour améliorer l’éducation affective en France les politiques mises en place pourraient par exemple :
1) développer des programmes qui aident les jeunes à comprendre leurs besoins et attentes en amour. Cela pourrait inclure l’identification des schémas relationnels et la manière dont les expériences influencent (ou pas) les comportements amoureux.
2) créer des modules qui enseignent les compétences de communication émotionnelle, comme par exemple comment exprimer ses sentiments, écouter activement son partenaire et comprendre les signaux non verbaux dans les relations amoureuses.
3) proposer des ateliers pour apprendre à gérer les désaccords et les conflits de manière constructive dans les relations de couple, en mettant l’accent sur l’écoute active, le compromis et la recherche de solutions mutuellement satisfaisantes.
4) appliquer des méthodes d’apprentissage interactives, telles que des études de cas, des jeux de rôles et des simulations pour pratiquer la gestion des relations amoureuses dans un environnement sécurisé.
5) créer une application mobile dédiée aux jeunes en matière de relations amoureuses. Ce service pourrait offrir un soutien confidentiel avec des conseils personnalisés, scénarios interactifs, quizs.. et des ressources supplémentaires accessibles de lignes d’assistances téléphoniques.

Nous avons proposé un plan d’éducation affective au gouvernement qui a été très favorablement accueilli mais pas encore mis en place… 😊

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