Pornographie consommée par les adolescents, conséquences sur leur vie amoureuse future

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Nous rencontrons en coaching des hommes qui ont la trentaine ayant des difficultés à construire des relations amoureuses en raison de problèmes sexuels. Beaucoup d’entre eux ont consommé de la pornographie de manière excessive et surtout ont commencé jeune. Nous rencontrons également des femmes, engagées dans des relations qui ne fonctionnent pas car la réalité d’une vie sexuelle adulte ne colle pas aux standards du porno surconsommé par leur compagnon. Nous nous penchons sur ce sujet avec de multiples références.

En Juin 2018 la presse française s’est emparée des résultats d’une étude menée sur les adolescents et les addictions menée par la Fondation pour l’innovation politique, l

a Fondation Gabriel Péri et la Fondation actions addictions. Un sujet a attiré l’attention : la consommation de vidéos/films ou photographies à caractères pornographiques chez les 14-24 ans. Les chiffres sont effectivement alarmants, 21% regardent du porno chaque semaine mais surtout 8% des 14 -15 ans en regardent plusieurs fois par jour.

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UN VRAI RISQUE DE DÉPENDANCE À LA PORNOGRAPHIE …

Avec des sites pornographiques très accessibles sur internet, quels peuvent être les impacts de cette consommation précoce sur une sexualité adulte ? L’INSERM définit les addictions comme des « pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères ».

Dans le cas de la pornographie nous pouvons parler de stimuli supranormaux, un phénomène où une stimulation créée artificiellement dépasse la réponse génétiquement développée par l’évolution (Nikolaas Tinbergen).

Une des différences avec d’autres addiction (alcool, drogues, …) c’est que l’accès à du contenu pornographique est quasiment illimité, gratuit et ne nécessite plus une exposition sociale puisque tout est à portée de main avec un téléphone portable.

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… QUI IMPACTE LA SEXUALITÉ DES HOMMES …

Une consommation excessive de pornographie à un jeune âge peut engendrer une dissociation entre désir sexuel et vie réelle selon l’ANSA (Italie), appelée anorexie sexuelle. Concrètement la vie réelle n’est pas satisfaisante en comparaison des fantasmes et entraine des troubles érectiles.

On parle également de porno dépendance qui concerne majoritairement des hommes. Selon le site www.pornodépendance.com plus de 50% des hommes porno dépendants déclarent avoir commencé leur consommation durant leur adolescence et vivent aujourd’hui une sexualité altérée qui peut prendre plusieurs formes : déception dans les rapports car ils ne sont pas à la hauteur des fantasmes ce qui entraine une vie sexuelle uniquement basée sur le porno ou impossibilité d’envisager le sexe sans voir la femme comme un objet sexuel.

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… ET DES FEMMES.

Dans un podcast sur la plateforme Slate (Transfert S01E08), une femme témoigne de la dégradation de sa relation avec son compagnon qui avait développé cette addiction durant son échange universitaire au Canada.

Ayant passé 1 an à regarder du contenu pornographique il ne pouvait plus toucher sa femme. En effet il ne pouvait associer sa compagne à ses fantasmes et la considérait comme sacrée.

Elle témoigne que lorsque elle l’a surpris en train de se masturber il lui disait « Ce n’est pas moi » ce qui illustre bien le clivage entre sa vie sexuelle fantasmatique sortie de toute relation et la réalité.

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UNE INFLUENCE SUR LES CODES ESTHÉTIQUES FÉMININS

Depuis les années 90, où l’accès à la pornographie a explosé, on remarque que les codes esthétiques intimes des femmes ont évolués, influencés par les représentations pornographiques, passant par l’épilation semi/intégrale du sexe jusqu’à, plus extrême, la Labie plastie qui consiste à réduire la taille des petites lèvres.

Sur les sites pornographiques les corps qui ne répondent pas au canon de beauté deviennent alors du contenu dans des catégories spécialisées qui mettent l’accent sur cette « difformité ». Le site www.pornodépendance.com explique que le message de ces codes est « la sexualité ne peut être ludique que dans le cadre de certaines normes esthétiques » (= épilation, absence de sécrétion, corps jeunes et sans défauts). Du côté des hommes l’accent est mis sur la sexualité performance à tout prix et l’utilisation du viagra n’est plus réservée aux hommes plus âgés.

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UNE IMAGE DE LA SEXUALITÉ BIAISÉE.

Si la pornographie est la seule éducation sexuelle auquel un individu a accès avant son premier rapport alors il risque d’intérioriser cette vision de la sexualité où la femme est un objet sexuel et d’intégrer cette sexualité « idyllique ». Avant d’avoir commencé leur sexualité, les consommateurs mettent la barre de leur jouissance à un niveau très élevé et sont déçus en ayant même l’impression de rater leur première fois qui n’a pas collé aux standards pornographiques qu’ils connaissent.

De plus le porno bride l’imagination et la connexion avec les désirs et envies profonds de la personne puisque les fantasmes et la conception de la sexualité sont basés sur les images vues en amont. On sort complètement d’une sexualité relationnelle saine et mature où chaque partenaire sait ce dont il a envie, le partage et vit un moment d’intimité émotionnelle et physique.

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AGRESSIONS ET ISOLEMENT

Toujours dans l’étude sur les adolescents et les addictions, il a été demandé, d’après les participants, quelle était la probabilité de développer un problème quand on regarde souvent des vidéos / films ou photographies à caractère pornographique ?

Le risque de dépendance et le risque de troubles de la sexualité arrivent en tête de course avec respectivement 66% et 57%. Suivent ensuite le risque d’agresser quelqu’un physiquement ou sexuellement (57%) et le risque d’isolement social (51%).

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UN ISOLEMENT SOCIAL QUI CONDUIT À DES NOUVELLES PRATIQUES

Face à ces risques un marché fleurit à travers l’occident : les poupées en silicone et aujourd’hui les intelligences artificielles. David Levy, auteur de « Love and Sex with robot » explique que cette solution fonctionne pour des personnes solitaires, disgraciées, maladivement timides. Ian Yeoman et Michelle Mars de l’université Victoria de Wellington (Nouvelle-Zélande) prédisent que l’utilisation de ces robots peuvent d’ici 2050 supprimer le trafic humain et le travail du sexe. Au Japon on assiste au phénomène des « rabu doru », où des hommes de toute situation maritale, vivent le « parfait amour » avec des poupées en silicone au dépend parfois de leur couple et de leur vie de famille. Aussi réaliste que soient ou seront ces poupées, il s’agit tout de même d’engager une « relation » avec un objet qui n’a rien de l’authenticité d’une relation amoureuse et/ou sexuelle avec une autre personne bien réelle. Sans aller jusqu’à l’extrême des robots, quel peut être la solution ? Réguler au maximum l’accès aux sites pornographiques ? Compenser avec une éducation sexuelle de la part des parents, de l’école ? CF notre article : Le porno accessible trop tôt chez les enfants, une génération sacrifiée ? Le porno accessible trop tot

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LA NÉCESSITÉ DE COMPENSER AVEC UNE ÉDUCATION SEXUELLE

Comme pour toute dépendance nous ne sommes pas égaux face aux produits addictifs et la consommation de pornographie n’entraine heureusement pas automatiquement de dépendance. Elle peut même faire partie de la vie sexuelle d’un couple.

Il est cependant important de connaitre les risques et les impacts potentiels de ce phénomène et de proposer une autre forme d’éducation sexuelle et relationnelle aux adolescents pour que la frontière fantasme et réalité soit intégrée par tous.