Le couple : incubateur de l’épanouissement de chacun ?

Le couple : animal libre

Notre époque, centrée sur les droits individuels et l’égalité entre partenaires dans le couple, nous présente en permanence les dangers de la fusion amoureuse. Qu’on ne renonce surtout pas au « je » pour le « nous » ! Il semblerait qu’il s’agisse désormais de sauvegarder le plus d’espace personnel possible contre les exigences liberticides de la vie en ménage.
Certes, se dit-on, en couple on est bien ; mais qu’est-ce que ça grignote mes énergies, mes envies individuelles, mon temps pour moi ! Ainsi, il n’est pas rare que les couples modernes se donnent pour objectif commun... d’empiéter le moins possible sur l’emploi du temps de chacun(e). Autrement dit, à deux on se met en quatre pour protéger l’espace d’un seul.  Son  espace, ce sont ses activités, mais aussi son besoin de se retrouver seul pour réfléchir ou combler sa soif d’apprendre.

Le couple,  incubateur de l’épanouissement de chacun ?

Ce point de vue, s’il n’est pas faux, nous fait oublier l’extraordinaire potentiel émancipateur du couple. Il nous présente en effet ce dernier uniquement comme un facteur d’entrave au développement personnel, et non pas comme son premier moteur.
Or, le couple n’est pas obligé de se faire tout petit et discret pour laisser place à l’épanouissement individuel ! Bien au contraire, plein de précieuses ressources, qui ne peuvent exister qu’au sein du couple, sont susceptibles de servir la réussite personnelle et la pleine satisfaction des deux parties. Arrêtons donc de craindre que le couple ne menace notre liberté et notre succès alors qu’il peut, en fait, en devenir l’incubateur.

Mettre le couple au service de la réalisation de soi

La réalisation de soi grâce à la présence de l’autre (et non pas en dépit d’elle !) est l’une des fonctions les plus merveilleuses que le couple peut remplir. Plutôt que de prendre la vie à deux pour une entrave au développement personnel, disons-nous qu’au sein du couple nous allons pouvoir grandir, révéler notre potentiel, faire sortir le meilleur de nous-mêmes.
En effet, quoi de plus puissant que le regard de l’être aimé pour voir et nous faire voir nos forces cachées, nos talents insoupçonnés ? Quoi de plus efficace que  son encouragement pour nous propulser dans le monde, avec confiance et enthousiasme ? De même, lorsque les choses stagnent, nous aurons d’autant plus de facilité à retrouver du travail, ou à un inventer un, que le couple nous insuffle forces, idées et énergies.  

Quand on perd confiance en soi, comment l’autre peut-il nous aider ? Les bienfaits de la réciprocité

Quand l’assurance en vient à nous manquer, nous avons besoin que l’autre y croit à notre place. Ses gestes de soutien et son crédit, ses questions et ses conseils, sa foi en nos capacités et en nos projets : voilà notre meilleur carburant. On risque sinon de mal traverser les moments charnières (changement d’emploi, chômage, reconversion, lancement d’activité...).
Cela suppose bien sûr une réciprocité du soutien, une présence indéfectible à l’autre tout au long de ces périodes délicates. Lorsque des changements ou des transitions s’opèrent, notamment sur le plan professionnel, le partenaire est là pour nous accompagner, nous coacher, nous épauler, nous pousser à un niveau supérieur de notre évolution personnelle...Ou, simplement, pour nous écouter et prendre soin de nous.

Et si c’est toujours moi qui aide l’autre ? Quand il n’y a pas de réciprocité.

Au sein de Love Intelligence, on observe que parfois l’une de deux parties se sent davantage investie dans cette mission d’entraide dans le couple, car elle sait et elle aime faire cela. Soutenir et booster l’autre lui réussit spontanément, naturellement. Être confronté au quotidien à la différence et aux besoins de l’autre n’est pas vécu comme une source de stress mais comme un enrichissiment.
Qu’est-ce qui se passe si je suis celui/celle qu’on ne fait pas grandir, alors que je m’emploie à aider, à soutenir, à inspirer et à sécuriser l’autre ? Que faire si je me sens laissé(e) pour compte, au point de faire du surplace et de me sentir entravé(e) dans mon développement personnel ? Que faire le jour où j’ai moi-même besoin d’être aidé(e), inspiré(e), poussé(e) et encouragé(e) ? Autrement dit, que faire si je m’aperçois qu’il n’y a pas de réciprocité d’aide dans mon couple ?

A/ Ne pas mettre ma frustration sur le dos de mon couple

Essayons d’abord de ne pas tomber dans la configuration mentale évoquée plus haut : celle qui nous pousse à voir le couple comme une entrave au bonheur individuel. Plein de chemins restent à emprunter pour sortir de l’impasse, avant de se dire que notre couple et notre épanouissement personnel sont incompatibles.

B/ Faire la part des choses : qu’est-ce qui dépend de moi, et qu’est-ce qui dépend de mon couple ?

Commençons par mener une petite analyse personnelle : comment en suis-je venu(e) à éprouver ce sentiment d’être la partie « négligée » du couple, celle qui stagne et qui s’épuise pour faire avancer l’autre, pour le revitaliser ? Mon attention vis-à-vis du partenaire est-elle dictée par un « goût de l’autre » authentique, ou par la croyance que, si je m’intéresse à l’autre, l’autre s’intéressera à moi ? Autrement dit, est-ce que j’attends quelque chose en retour de mon soutien et de mon dévouement ?

C/ Si c’est moi qui suis en position d’aidant, je dépasse mes freins inconscients pour que l’autre se sente légitime à m’aider

Si je me sens laissé(e) pour compte, la faute n’est peut-être pas seulement à un partenaire peu attentionné, mais aussi à mes propres conditionnements internes. Pourquoi c’est moi qui suis toujours en position d’aidant(e) ? Ai-je du mal à demander un soutien ou à exprimer mon désarroi, mes fragilités, mes désirs ? Crois-je inconsciemment ne pas mériter qu’on m’écoute ? D’où me vient mon manque de confiance ? Aurais-je tendance à assumer une attitude stoïque face à la vie, du fait de mon mépris de la plainte ? Est-ce que je me sens illégitime ou égoïste, si je tire de la vie quelques satisfactions personnelles ?

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D/ Éviter les phrases polluantes et savoir comment parler de ses ressentis et de ses besoins

Une fois ces interrogations posées, on pourra questionner plus calmement et objectivement les attitudes de l’autre. D’abord, mieux vaut ne pas s’attendre à ce qu’il soit « comme moi » : s’il ne l’est pas, cela ne signifie pas forcement qu’il m’aime moins, ou moins bien ! Combien de fois prononce-t-on ces phrases fatidiques et polluantes : « Mais moi je l’écoute toujours/Moi je fais toujours attention/Si j’étais à sa place, etc. » ? Aucun être, pour amoureux qu’il soit, n’est capable de lire dans la tête de l’autre et d’anticiper ses besoins inconfessables. Il faut demander ce qu’on veut !

E/ Apprendre à l’autre à m’aider... : les bonnes phrases !

Plutôt que de ruminer des comparaisons peu pertinentes, osons dire à notre moitié ce dont nous ressentons le besoin : « Chéri(e), être au chômage me déprime/lancer ce projet me stresse/monter ma boîte m’angoisse » ; « J’ai l’impression de tout rater, j’ai vraiment besoin de ton soutien et de tes paroles » ; « Je pense manquer de confiance mais je te fais confiance ; cela m’aiderait de poser les choses à plat avec toi pour mon projet ; ton opinion et ton regard sont importants pour moi » ; « Je sais que tu es moins enclin à communiquer que moi, mais j’ai vraiment besoin d’échanger avec toi/ d’avoir ton avis là-dessus » « j’ai vraiment besoin que tu utilises ton autorité masculine face aux garçons car moi je ne m’en sors pas en ce moment ».

F/ ... Comment exprimer  la valeur que son aide a pour moi ?

Si notre partenaire n’a pas pu ou su développer seul(e) les clés pour nous aider pleinement, qui pourrait les lui fournir mieux que nous-mêmes ? Et rien n’est plus valorisant, pour la personne qui nous aime, de savoir qu’elle nous est indispensable et que nous avons une très haute considération de sa vision des choses.
Souvent, si l’autre hésite à nous encourager ou à nous donner son avis, c’est parce qu’il ne se croit pas capable de nous apporter un soutien utile. Et s’il ne se rend pas compte que nous avons besoin, c’est peut-être qu’à ses yeux nous sommes inébranlables ! Se faire aider, suppose qu’on dévoile sa fragilité et c’est parfois cela qui est le plus difficile...