Tu décides d’allers seul(e) en thérapie… Donc tu me trahis.
On peut vouloir s’engager seul(e) dans une thérapie pour différentes raisons, a priori indépendantes de la relation amoureuse (manque de confiance en soi, crises d’angoisse, reconversion professionnelle, famille d’origine, questions existentielles…).
Il arrive que le conjoint ressente cette décision comme une trahison, une menace : « Que vas-tu chercher hors de notre couple ? Pourquoi as-tu besoin d’un soutien extérieur ? Quelque chose ne va donc pas dans notre relation ? De quoi vas-tu parler avec ton psy ? Tu vas lui parler de nous, me critiquer ? Tu vas te confier à ton psy et plus à moi… tu n’en auras plus besoin ! Vas-tu trop t’y attacher ? Quid du coût de la thérapie ? »
Autant de questions qui peuvent miner le couple si celui-ci ne se donne pas les moyens de les exprimer et de les clarifier.
Je déploie mes ailes… Donc je te quitte
Lorsqu’on entreprend une thérapie individuelle, celle-ci conduit à déployer ses ailes et à mieux cerner ses désirs ou aspirations.
Elle peut aussi faire prendre conscience de certains conditionnements extérieurs ayant déterminé le choix amoureux : manque d’assurance, dépendance affective, conformisme, pression familiale, crainte de la précarité… La découverte de ces conditionnements sous-jacents à l’amour est susceptible de remettre le couple en question : « je t’aime vraiment, ou bien je t’ai épousé parce que tu me faisais sentir en sécurité/parce que je voulais quitter la maison de mes parents/parce que je t’idéalisais, etc. »
Traversé par une nouvelle énergie et des nouveaux questionnements, on risque alors d’envisager le partenaire comme un frein à son développement, un empêcheur d’épanouissement ; et son mariage comme un « faux choix » effectué pour des « mauvaises raisons ».
Je vois tes faiblesses… Donc je te quitte
Du même coup, le partenaire en thérapie peut ressentir cet élan inhabituel comme un appel d’air régénérant et une envie irrépressible de changer d’air, de voir du nouveau, du fresh air !
Le partenaire qui n’est pas en thérapie peut, au contraire, chercher la prise de distance et se renfermer dans une crainte de tous ces bouleversements. Ce recul alimente l’impression d’incompatibilité dans le couple. L’un veut parler l’autre préfère se renfermer car il ne sait pas vraiment avoir accès à ses émotions. Il se sent envahi, donc bloqué !
Il est aussi possible que la thérapie mette en lumière certains dysfonctionnements du partenaire : par exemple sa dépendance affective, son besoin de contrôle, son excès d’attachement à la famille d’origine, ses conflits d’enfance, sa jalousie…
Là aussi, on pourra avoir l’impression que le couple ne se conforme plus à la façon dont on veut vivre ; que le conjoint nous ramène à un schéma dont il faut se délivrer. Et on quitte l’autre trop tôt, alors que cette transition est l’une des périodes de couple les plus PASSIONNANTES à vivre.
Ces phases nécessaires de ré-ajustements sont formidablement riches à traverser. Si le psy est très compétent il peut très bien accompagner le couple ou son patient en ce sens. Mais il faut être face à un très bon expert.