Le savoir-faire relationnel : un « savoir-être » avec l’autre
Traditionnellement assignées au foyer, les femmes ont développé, à partir de leurs prétendues « fonctions » domestiques, des savoirs, des habitus, des inclinations, des compétences, des réflexes… Parmi ceux-ci, on compte une disposition à écouter, à prendre soin, à accueillir, à faire lien… Bref, tout ce qu’on désigne dans le monde anglo-saxon sous le nom de « care » (sollicitude). Ce savoir-faire est en fait un « savoir-être » avec l’autre, qui regroupe la disponibilité psycho-affective, l’attention, la prévenance, l’intérêt, l’empathie, le souci d’autrui… Le fait de donner de l’importance au bien-être et aux émotions qui ne sont pas les siens, et à leur donner même parfois la priorité.
L’intime : une donnée « féminine » issue de l’éducation
S’agit-il d’une donnée « féminine » ? D’un attribut que les filles recevraient en dot à la naissance ? Ou plutôt d’une véritable compétence sociale, que la position tenue par les femmes stimule et développe ? Simone de Beauvoir faisait observer à quel point les filles apprennent, au cours de leur éducation, à « être pour l’autre » : agir en fonction d’autrui, penser pour autrui, s’inquiéter pour « nous » au dépens du « je »… Ainsi, au fil de leur histoire, les femmes ont probablement investi et appris à manier la sphère de la communication intime, de la parole et du lien affectif davantage que les hommes. Si l’on se réfère aux 7 degrés de l’intimité identifiés par Matthew Kelly, on voit bien que les femmes se placent tout en haut de l’échelle, là où a lieu l’ouverture véritable à l’autre ; où on prête l’oreille aux besoins humains profonds ; où surgissent l’amour et l’amitié.