Qu’est-ce que l’amour courtois ?
L’amour courtois, au-delà d’être un amour sincère et véritable, est aussi et surtout la modération des instincts d’où émergent les qualités suivantes : courage, générosité, maîtrise. Il en ressort une forme d’ascension sociale dans la mesure où ces vertus correspondent à celles du monde aristocratique. La courtoisie est une éducation aussi bien sentimentale, morale que sociale.
- La maîtrise est un des atouts majeurs de l’amour courtois. Elle permet d’affronter les difficultés avec sérénité. Qui n’a jamais osé rêver être la personne dont on dit : elle gère parfaitement la situation, tout semble si simple avec elle ! Vive l’amour courtois !
- Si la situation semble compliquée, l’amour courtois pose les bonnes questions.
Mais parfois les réponses ne nous appartiennent pas. Que faire ? Dans toute chose qui semble compliquée, la simplicité s’impose. L’amour courtois nous enseigne qu’il faut poser directement les questions à l’intéressé sans brutalité mais avec douceur en expliquant que l’on veut comprendre, non pour juger, mais pour avancer dans la relation afin de la rendre plus solide, plus agréable.
- Elucider les questions qui nous taraudent l’esprit permet de chasser les peurs. Une relation à deux doit permettre de se sentir épanoui deux fois plus ! Il est essentiel de ne pas garder de rancœur, de les exprimer simplement.
Pourquoi le chevalier Lancelot apparaît-il comme le modèle de la courtoisie ?
Les épreuves qui accompagnent le destin extraordinaire de Lancelot, les exploits accomplis, la souffrance pour l’amour de l’être aimé grandissent le chevalier. En effet « les chevaliers, soucieux de promotion, auraient trouvé dans l’amour le très noble sentiment qui conciliait l’individualisme et le bien de la société. L’amour courtois chevaleresque développe l’intériorité, incite au perfectionnement personnel et pousse à l’exploit dont bénéficie la communauté » [1]
A notre époque aussi les individus ont soif de valeurs. Notez le succès au box-office de films comme Le Seigneur des Anneaux. L’aspiration à des valeurs chevaleresques reste donc encore bien présente !
Lancelot, un amoureux véritable ?
Le moteur de l’action, dans le roman de Chrétien de Troyes Le Chevalier de la charrette (1177-1778), est indéniablement l’amour que Lancelot porte à la reine Guenièvre.
- L’histoire de Lancelot et Guenièvre n’est pas à mettre en regard avec celle de Tristan et Iseult : leur histoire ne découle pas de l’administration d’un philtre d’amour mais prend source dans un amour véritable, consciemment développé, nourri. Guenièvre est une femme très chanceuse puisque c’est ce sentiment et ce sentiment uniquement qui détermine tous les actes de notre héros et qui rythme le roman.
- Effectivement, Lancelot est prêt à tout pour celle qu’il aime et la place logiquement au-dessus de tout. On est prévenu : son amour n’est pas négociable. Cette dernière occupe constamment sa pensée. Une mèche de cheveux de sa bien-aimée vaut pour lui toutes les reliques du monde…
- Chose bien plus intéressante, les nombreuses tentations féminines n’auront sur lui aucune prise, elles l’agacent plus que tout autre chose. Lorsque « la demoiselle entreprenante » cherche à engager la conversation, Lancelot « n’a cure de quoi que ce soit qu’elle lui dise, il a en horreur paroles et discours : penser lui plaît, parler lui pèse. » [2] Lancelot préfère replonger dans ses pensées afin de retrouver l’image de Guenièvre.
Comportement tout à fait rassurant surtout pour les personnes sujettes à la jalousie ou à la peur. Cela montre que lorsqu’une personne est attachée à une autre, les autres n’existent pas. Elle les repousse naturellement. En somme, il faut accepter d’être aimé, d’être heureux. Tout simplement !
- L’épisode du « Dangereux passage du pont » souligne la détermination de Lancelot :
« Il désarme ses pieds et ses mains. Il n’en sortira pas indemne ni tout à fait valide, s’il parvient de l’autre côté. (…). En grande souffrance, il passe au-delà comme il le voulait, dans les tourments. Il se blesse aux mains, aux genoux et aux pieds, mais Amour qui tout au long le guide lui verse un baume et tout entier le guérit. » L’amour qu’il porte à Guenièvre l’aide à supporter les entailles faites dans sa chair.
- Le chevalier doit certes se montrer courageux devant le danger, prêt à mourir héroïquement pour sa dame. Mais en retour, cette dernière est censée le protéger par son amour en lui inspirant vaillance et courage.
Quelle que soit l’époque, il est plus sain et préférable d’offrir son amour à quelqu’un qui nous respecte plutôt qu’à quelqu’un qui se joue de nous.
A suivre : L’amour courtois : comprendre que l’amour est liberté et non soumission