Le degré d’expression de la colère au sein du couple
Harville Hendrix, thérapeute conjugal et fondateur de la méthode IMAGO met en exergue les différents degrés d’expression de la colère au sein des couples.
Illustrons son approche par des exemples concrets.
Le premier degré
Il es représentatif des couples qui se disputent très peu mais qui refoulent leurs sentiments, créant de nombreux non-dits. Sous ce calme apparent, se cache souvent un certain désespoir, une impasse sur le plan relationnel. Car derrière ces comportements de tolérance, se dissimule un mal-être significatif, latent et non traité. A titre d’exemple, lorsqu’un couple est toujours d’accord sur tout, c’est souvent parce que l’un souhaite éviter le conflit. Mais le revers de la médaille peut être brutal, celui acceptant inlassablement les exigences ou envies de l’autre étant vite propulsé dans une position de passivité passablement frustrante pour le partenaire en charge. Celui qui pardonne tout se complait dans une position de soumission passive, l’autre partenaire héritant lui du statut bien peu agréable de tortionnaire. Une accumulation de sentiments refoulés, d’un coté comme de l’autre, nécrose alors petit à petit les fondamentaux du couple.
Le second degré
Il est représentatif d’une colère latente qui apparait sous la forme d’un symptôme, celui de la dépression. Quand l’un des partenaires est en situation dépressive, et que cela tend à s’éterniser, l’autre tend à s’en désintéresser. Un mécanisme de défense instinctif, inconscient visant à se protéger de la souffrance de l’autre. Lorsque l’un des deux partenaire souffre de cette forme d’apathie, de cet état de vide, et de cette léthargie, l’autre tendra à combler le manque laissé en flirtant parfois avec l’adultère. Mais n’oublions pas que la dépression cache une colère latente, profonde et dévastatrice pour le couple. Harville Hendrix a suivi un couple dont la femme était dépressive et le mari avait failli commettre l’irréparable. Un jour, la femme a avoué avoir fait un rêve dans lequel elle souhaitait tuer son mari. Ce rêve l’a effrayé car elle n’avait aucune envie de tuer son mari, elle l’aimait. Ce rêve a révélé la colère de cette femme transformée en dépression. Elle a refoulé sa colère parce qu’elle considérait que la colère était synonyme d’abandon, une croyance puisée dans son enfance.
Le troisième degré
Au milieu du curseur, se trouvent la plupart des couples. Il s’agit de ceux qui se disputent de façon épisodique. Leur colère s’exprime par des mots, des actes d’agression passive, des moments d’hostilité, des critiques corrosives, sans passer toutefois par l’agression physique. Par exemple, un couple décide de construire une maison. La femme décide alors de faire appel à une décoratrice d’intérieur pour la future cuisine. Quand il l’apprend, son mari est furieux qu’elle ne l’ait pas consulté avant et qu’elle agisse sans son consentement. Sa colère s’est traduite par des mots et des critiques blessantes et hostiles. Les mots peuvent parfois faire l’effet d’une gifle mais ils ont le mérite de mettre en lumière la frustration latente et de la dépasser.
Le quatrième degré
A l’extrême droite, l’on trouve des couples désespérément en conflit au point de s’agresser physiquement. Par exemple, un homme rentre chez lui et explique à sa femme la pression financière, le stress et la fatigue qu’il subit, dans l’espoir qu’elle le comprenne. Mais au contraire, la femme croise les bras et regarde son mari avec mépris en lui disant qu’il n’a qu’à changer de travail si celui-ci ne lui convient pas car elle en a marre de supporter ses plaintes. C’est alors que l’homme s’est levé et a giflé sa femme. Un dérapage de violence physique s’en est suivi, les partenaires n’étant plus en mesure d’exercer une maitrise d’eux même. Ce type d’altercation est commune au sein des couples, néanmoins il doit rester très épisodique et exceptionnel pour ne pas propulser les amants dans une forme de relation masochiste et destructrice.
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