Le virtuel, ami d’une lâcheté 2.0
Si internet aura révolutionné la rencontre et rendu l’amour possible pour des milliers de personnes, elle aura aussi révolutionné la rupture amoureuse. Pourquoi s’encombrer et s’auto infliger un mélodrame interminable en face à face lorsque l’on peut simplement se contenter d’informer l’autre de notre souhait de rompre, par le silence, ou par le biais d’un message virtuel… Il devient très aisé de ne pas affronter la réaction du futur ex partenaire et de se prémunir de toute forme d’empathie face à sa détresse. Soit, c’est un avantage significatif auquel chacun a déjà recouru pour se sortir d’une situation « bourbier ». Mais voilà que le virtuel pousse le vice de la lâcheté à son paroxysme en rendant légitime, commun, et presque naturel, le fait d’évincer l’autre par écran interposé en lui fournissant des explications parfois bancales, souvent peu assumées et toujours très maladroites.
L’autre, cet objet…
Comprenons bien ici que l’on fait passer l’autre d’état « d’être » à état de « chose » en procédant de cette façon, et c’est nécessairementtrès maladroit. On a perdu le respect et la considération de l’autre ; cet autre, individu A, qui avait attiré notre attention à un moment X et qui se fait désormais évincer à un moment Y par un individu B dont la rencontre pourrait être plus éblouissante. Le Ghosting est, pour ainsi dire, un mode de rupture qui avilit l’autre de façon parfois violente et brutale en lui donnant le sentiment de ne plus exister, de ne plus être digne de considération.
Un mode de rupture qui correspond à un mode de rencontre
Soyons bien conscient d’une chose, il ne faut pas s’étonner que les ruptures amoureuses prennent une tournure aussi brutale et peu considérante pour le partenaire quitté, dans un monde où la rencontre amoureuse se fait sur le mode de la consommation, de la précipitation et de l’abondance. Les applications de rencontre se multiplient et donnent une toute nouvelle dimension à la relation sentimentale. Avec tous ces outils, l’on évolue avec l’idée qu’il est toujours possible de trouver plus épanouissant ailleurs et que la nouveauté peut incarner un bonheur, celui même dont on est incapable de se satisfaire et de se saisir avec celui ou celle avec qui l’on est . Tinder, happn, meetic…autant d’applications qui dénaturent la rencontre en multipliant les possibles. Florence Escaravage construit la Méthode Florence pour pallier les affres de la rencontre, de la mauvaise rencontre, celle qui mène tout droit à ce phénomène de Ghosting. Elle préconise un mode de contact, de rapport à l’autre qui redistribue les cartes de ces rencontres virtuelles, précipitées et sans authenticité.