LA LIBERTÉ D’ÊTRE SOI EN COUPLE SANS RÉPONDRE À TOUTES LES ATTENTES DE L’AUTRE
Bernard Weber dira « En chaque être humain coexistent un enfant, un adulte et un parent. Lorsqu’un couple se crée, chacun choisit son rôle par rapport à l’autre. Généralement, l’un devient parent et l’autre joue l’enfant. L’idéal pourtant serait que les deux se veuillent adultes ». Car si le couple est la scène de jeu privilégiée des souffrances infantiles de chacun, la réunion des rêves et des besoins de deux individualités, il est aussi l’endroit sécurisant où chacun doit pouvoir exister, pour lui, au travers de l’autre.
S’OUBLIER POUR FAIRE PLAISIR À L’AUTRE
La pleine dévotion à l’autre, à l’amour, anime souvent les débuts de relation. Mais lorsque le quotidien rappelle à chacun qu’il s’est oublié au profit de l’autre, qu’il a relégué au second plan ses propres besoins pour combler ceux du partenaire, nait le conflit, la rancoeur inconsciente, source de bien des maux au sein du couple.
QUAND AMOUR RIME AVEC DÉVOTION
L’amour a cela de préjudiciable à l’individu qu’il cantonne souvent l’être aimant à se plier en quatre pour le partenaire, à répondre à ses désirs, à combler ses rêves. Il est fondamentalement humain de chercher à faire plaisir à celui que l’on aime quitte à se laisser glisser dans une dévotion parfois extrême qui empêche d’exister pour soi et qui pousse à appréhender la vie au travers du prisme du regard de ce partenaire. Car une partie de soi éprouve le besoin d’être utile au bonheur de l’autre, d’en être même la cause et la raison première.
ON CROIT BIEN FAIRE, ET POURTANT…
Avoir le pouvoir de contenter l’autre est le merveilleux moteur des relations de couple naissantes, et le terrible instigateur de la perte, souvent, de l’individualité de celui qui donne à outrance. La totale dévotion au partenaire aimé est toute aussi enivrante qu’elle ne peut être fatale à celui qui s’y restreint.
DU PLAISIR À L’OBLIGATION DE FAIRE… PLAISIR
Il est une spirale infernale bien connue de ceux qui, par amour, se dévouent pleinement à contenter les besoins de l’autre, celle de l’assujettissement qui survient inéluctablement lorsque, du plaisir de contenter l’autre, l’on passe à l’obligation de le faire. Car le partenaire aimé dont les moindres désirs, envies, sont comblés par l’autre, en vient rapidement à considérer que ce mode de fonctionnement est normal et légitime.
NE PAS ASSUJETTIR CELUI QUI NOUS AIME
Voilà qu’on a pris des habitudes et qu’on exige de cet autre qu’il ne faillisse jamais, qu’il soit à la hauteur de nos besoins, qu’il ne déçoive aucune de nos aspirations. L’amant dévoué se voit alors assujetti inconsciemment par l’autre dont les besoins individuels dominent de façon constante sur les siens, devenus quasi inexistants, illégitimes.
ACCEPTER DE NE PAS RÉPONDRE À TOUS LES BESOINS DE L’AUTRE
Comprendre que le partenaire dévoué n’est pas esclave de nos besoins, qu’il est en droit de les combler à certains moments et de ne pas le faire à d’autres, est l’un des fondamentaux d’un couple équilibré et épanouissant.
J’AIME TE VOIR ÉPANOUI GRÂCE À MES EFFORTS
Les débuts de relation riment souvent avec l’envie profonde de contenter chaque besoin de l’autre, biais par lequel l’on se rend indispensable à son bonheur et ses plaisirs quotidiens. L’on jauge ainsi de notre valeur personnelle en contemplant le degré d’épanouissement que l’on est en mesure de créer chez lui, par notre simple existence à ses côtés, par notre dévotion et par les actes que l’on accomplit pour lui. Mais il convient avant toute chose d’appréhender notre légitimité dans la vie de ce partenaire différemment : l’on contribue à son bonheur mais nous n’en sommes ni les tenants, ni les acteurs principaux. Il est en mesure de s’auto satisfaire, et il est fondamental de lui laisser l’espace de contribuer à son propre bonheur individuel afin qu’il ne nous tienne pas rigueur, en retour, de ce qui le frustre, de ce qui ne répond pas dans la vie à ses besoins profonds.
ASSUMER LA RESPONSABILITÉ DE SES BESOINS : LE COUPLE MATURE
Un couple mature est un couple au sein duquel chaque partenaire tient le rôle d’adulte, d’auto entrepreneur face à ses propres besoins. L’autre n’est pas celui qui se doit de répondre à chacune de nos exigences, et nos besoins ne sont pas les siens. Il n’est pas légitime d’attendre de celui qui se dévoue par amour, qu’il réponde, sans faille, à ce que l’on attend de l’existence.
COMMENT GÉRER LES FRUSTRATIONS
Les frustrations font partie des affres de la vie et l’on en vient inconsciemment à en tenir rigueur à celui qui, fraichement apparu dans notre vie, égayait alors notre existence et éradiquait toutes les insatisfactions qui pouvaient nous heurtaient. Assumer la responsabilité de nos besoins, c’est accepter que le partenaire n’ait pas le pouvoir de nous maintenir dans un bonheur linéaire, qu’il ne soit pas en mesure de combler, à notre place, nos besoins intrinsèques et surtout, qu’il soit en droit de contribuer, avant toute chose, à son propre épanouissement personnel.
LE LAISSER EXISTER
Laisser exister l’autre pour lui même est aussi la clé d’un couple heureux et de la pérennité d’une relation où chacun des partenaires s’assume et n’attend pas de l’autre qu’il comble un rôle de parent