• Pour nous, les femmes
  • Pour nous, les hommes

L’homme nouveau, viril ? protecteur ? sensible ? Naissance d’une troisième voie pour un homme épanoui

love Intelligence 1 commentaires

Entre la fin du système patriarcal et le féminisme dur : quelle voie pour un homme épanoui au 21e siècle ? Les hommes ont été machos, patriarches, autoritaires, ils n’ont pas toujours adorés ces rôles. Aujourd’hui, ils ne veulent pas non plus devenir féminins, émotionnellement ultra connectés, sensibles. Alors nous voulons dessiner ici une 3e voie, c’est-à-dire celle qui enterre l’homme tout puissant, autoritaire et peu sensible, sans faire non plus, de nos hommes, des femmes. Nous avons 15 années d’accompagnement dans les relations et nous voyons devant nos yeux advenir l’homme nouveau. Promis, c’est une des meilleures et grandes bonnes nouvelles de ce 21e siècle. Nous allons pour vous ici le camper !

La chute d’un mythe qui n’était pas tenable.

On parle de plus en plus des crises de virilité et de masculinité. Les hommes ne correspondent plus et ne se retrouvent plus dans les notions caricaturales du passé. Être un homme était synonyme de pouvoir, de force, de misogynie parfois et de virilité. Les hommes d’aujourd’hui ne s’y retrouvent plus. Comme l’explique Olivia Gazalé dans Le Mythe de la virilité (2017), la virilité caricaturale est néfaste pour les hommes car elle représente un idéal inatteignable et des attentes inassouvies. La raison de la crise identitaire des hommes n’est donc pas l’émancipation des femmes, mais la catégorisation excessive des comportements masculins idéaux comme la bravoure, la solidité et la rigueur.

Une jeunesse qui observe des parents peu « genrés ».

La jeunesse actuelle est la première génération à témoigner d’un modèle différent : leur mère travaille autant que leur père, et celui-ci s’occupe d’eux autant que leur femme, la femme peut être aussi autoritaire que l’homme, bref, ceci pourrait en partie expliquer la confusion actuelle quant à ce que signifie être « homme ».

Dans nos couples modernes, fini (ou presque !) le système d’oppression de la femme par un homme autoritaire et supérieur. Les enfants ne subissent plus (ou très rarement) ces modèles.

Si l’homme devient plus sensible et vulnérable, égal à la femme, est-il encore viril – et homme ? Et plait-il encore à la femme ? Et a-t-il envie de devenir ainsi ? Dessinons ensemble une 3e voie où sont en train de s’installer les hommes d’aujourd’hui. Pour cela, comprenons d’abord les attentes des femmes.

Que veulent les femmes ?

En poussant la vision égalitaire à l’extrême, on voudrait une totale annihilation de la masculinité. Certaines femmes recherchent un homme moins « mâle », c’est-à-dire un homme plus sensible, plus à l’écoute, et capable d’une connexion émotionnelle forte, en prise avec ses émotions. Un homme qui possèderait les mêmes attentes relationnelles et les mêmes moyens de les communiquer qu’elles.

Le paradoxe des attentes des femmes

Paradoxalement, lorsque ces femmes rencontrent des hommes totalement assumés, elles les adorent, mais qu’un temps ! Love Intelligence en connait des histoires avortées auprès de ces hommes « féminins », très versés dans le développement personnel, avec lesquels les femmes adorent parler, mais ne veulent finalement pas construire car la différence homme femme n’est pas assez segmentante. Nos femmes d’aujourd’hui ne les trouvent pas assez confrontants, pas suffisamment affirmés. En fait, elles continuent à avoir les mêmes attentes vis-à-vis du genre masculin : il doit rester fort et protecteur. Et trop d’introspection masculine les déboussole.

Une virilité saine

La masculinité se voit trop souvent définie comme toxique et l’homme se retrouve castré. Il faudrait redéfinir de manière saine la virilité et réussir à la distinguer de la patriarchie. Un homme autoritaire n’est pas synonyme d’une toxicité masculine. Ainsi, nous sommes présentement face à un paradoxe opposant un système révolu de supériorité de l’homme sur la femme, à une société nouvelle qui tend vers l’égalité mais peine à redéfinir l’homme nouveau. Ce paradoxe vient du fait que l’homme croit devoir renier sa masculinité. Ce n’est pas le cas ! Comme l’explique Serge Hefez dans Le cœur des hommes (2007), « les jeunes hommes ne se retrouvent ni dans la virilité caricaturale du passé ni dans le rejet de toute masculinité. À charge pour les femmes d’accepter d’y perdre en sentiment de protection. À charge pour les hommes de ne pas s’arc-bouter sur les ruines d’un patriarcat perdu ».

La 3e voie pour un homme épanoui : une masculinité qui devient un bien être individuel.

La définition de l’homme apparait alors obsolète et les alternatives ne semblent pas acceptables. Toutefois, face à la masculinité virile du passé ou à la dépréciation totale de masculinité, naît progressivement, à mesure qu’évolue notre société moderne, une troisième voie. L’homme d’aujourd’hui reste un homme, mais n’est plus celui du passé. La nouvelle masculinité permet une égalité hommes/femmes derrière une définition davantage en cohérence avec nos valeurs actuelles, qui se veulent éloignées des notions de puissance et de domination, et proposant un équilibre nouveau et des relations plus harmonieuses entre les hommes et les femmes sans pour autant confondre les rôles.

L’avance du Québec, même si leur mode de séduction nous choque, nous les français(es)

Concernant les domaines de l’éducation et du travail, la culture canadienne reste attachée aux valeurs masculines de compétition et d’excellence, qui empiètent sur des valeurs plus altruistes comme la coopération et le don de soi. Toutefois, la société québécoise est davantage matriarcale ou du moins égalitaire concernant les relations inter-sexes, que notre propre institution. En effet, depuis le mouvement militant des femmes - féminisme égalitariste - des années 70, les québécoises ont amené leur société à réaliser qu’il n’était plus possible de penser le monde, de produire des savoirs ou de soutenir des pratiques sociales et des politiques « comme avant », c’est-à-dire d’une façon qui efface les femmes comme sujets de l’histoire et évacue leurs expériences, attentes et besoins.

De nos jours, on retrouve cette vision de la femme « indépendante » qui sait créer des rapports harmonieux dans le travail comme dans ses relations amoureuses. L’homme n’est pas le protecteur ou le dominant. La femme est tout aussi forte et représente son égal. Par exemple, dans une situation banale de rencontre dans un bar, il n’est pas rare de voir la québécoise faire le premier pas. Les hommes et les femmes payent aussi souvent le verre de l’autre : il n’y a pas de règles de galanterie ou de politesse - ce que les français ne comprennent pas. En effet, les françaises sont souvent choquées du manque de « galanterie » des québécois et les français supportent mal la côté entreprenant des québécoises.

Deux notions de la masculinité

Ici, la notion de masculinité diffère : pour le français elle reste synonyme de séduction, de protection et de prise en charge et donc s’extrapole à la galanterie ; tandis que pour le québécois, cette vision semble plus élargie et moins restrictive. Comme le montre une étude des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique, (A mixed-methods study of the health-related masculine values among young Canadian men, Oliffe et al., 2018) les adolescents et jeunes adultes canadiens délaissent les valeurs traditionnelles de la masculinité pour élargir la définition à des valeurs davantage liées à un meilleur être individuel et interpersonnel. Décidément, il sont forts ces canadiens !

L’étude explique que les participants s’éloignent des valeurs masculines liées à la protection et à la subvention des besoins de l’autre. Toutefois, l’étude échoue à expliquer si ces nouvelles valeurs sont liées à une adoption de valeurs féminines, une évolution des valeurs masculines ou un véritable changement de la définition de la masculinité. Mais finalement, qu’importe la raison, ce qui compte, c’est le résultat !

Le travail de l’homme nouveau du « Mankind Project », aux États-Unis

Certains hommes à travers le monde tentent de se définir sans prendre en compte ce qui est attendu d’eux mais en découvrant l’authenticité masculine. C’est le but ultime de nombreux groupes tels que « ManKind Project » (MKP), un mouvement qui débute en 1985 aux États-Unis et s’est développé dans plus de 22 pays avec la participation de plus de 60 000 hommes. L’objectif est d’aider les hommes à éveiller leur « pleine maturité d’homme » et donc créer une nouvelle masculinité afin de remplacer l’ancienne, qui n’est plus compatible avec la société actuelle. Ce mouvement organise des séminaires, des réunions de travail régulières, des groupes de parole et propose des weekends d’initiation, qui visent à aider les hommes à se focaliser non plus sur leurs réflexions mais sur leurs émotions. Éloignés de leur mode de vie quotidien et au travers d’activités de groupe, les hommes sont censés créer une communauté harmonieuse, et révéler leur plein potentiel en s’appuyant sur des valeurs d’intégrité, de responsabilité et d’authenticité. L’initiation a pour objectif de créer de « nouveaux guerriers », en opposition à la vision désuète d’un guerrier machiste et violent qui utilise la peur pour arriver à ses fins. L’homme nouveau, ici, serait un homme qui porte attention à ses propres sensations et évoluant ainsi vers une masculinité saine et mature.

Bien qu’il existe beaucoup de controverses et de critiques de ce mouvement, de nombreux témoignages positifs célèbrent l’expérience et la réflexion en cours des hommes sur le concept de la nouvelle masculinité. Ces expériences sont souvent décrites comme puissantes et moteurs de changements positifs, changeant la vie d’un homme. Les hommes sont enclins à être vulnérables, apprennent à démystifier la masculinité et à aller à l’encontre de notions telles que « un homme de pleure pas », tout en bénéficiant d’un fort soutien émotionnel. L’expérience est décrite comme spirituelle et enseigne l’honneur, la responsabilité, et l’importance des émotions. Celle-ci aide les hommes à s’ouvrir au monde, aux autres, à faire confiance, à se comprendre soi-même et à s’accepter. Ainsi, peut-être les hommes en sortent-ils plus forts car davantage en accord avec eux-mêmes.

Notre définition de l’homme nouveau, cette troisième voie qui nous réconcilie, nous, hommes, et femmes.

Au sein de Love Intelligence, nous le rencontrons tous les jours l’homme nouveau, et l’aidons à trouver sa place. Ainsi, le nouvel homme est vulnérable, authentique et en accord avec lui-même, accepté comme tel, et qui n’a plus peur du rejet s’il détonne de la caricature de la virilité masculine. Il découvre sa part de vulnérabilité et ne la renie pas. Elle devient même une force puisqu’il ne la renie pas ne la cache pas, la connait, en parle sans s’épancher sempiternellement non plus. Il ne se laisse pas envahir par les attentes des femmes. C’est-à-dire qu’au lieu de se renfermer, ou de refuser la discussion, ou de prendre une issue de secours (travail, infidélité, mutisme) il sait expliquer que ses besoins sont différents, et sait faire valoir ses autres intelligences, mathématiques, spatiales, naturalistes ou encore existentielles, pour s’affirmer et mieux se connecter à l’autre. Il aime faire découvrir à la femme ses mondes à lui, parfois sensibles, spirituels, émotionnels, parfois plus matérialistes, conceptuels, intellectuels, concrets. Et souvent, un monsieur en mode projet. Il aime l’indépendance des femmes, il la favorise même car elle est source de stabilité et de croissance pour son couple. Et il cultive la sienne aussi. L’amour pour lui est un partage, une co création où le désir prend toujours une très bonne place. Les femmes doivent donc bien rester vigilantes et attentives pour savoir maintenir ce désir.

L’évolution de la femme pour que l’homme nouveau puisse advenir, prendre sa place

La femme a également son rôle à jouer : elle doit laisser mourir sa vision d’un homme sauveur puisqu’elle n’a plus rien à sauver. En coaching, on entend bien moins souvent qu’avant le besoin des femmes de se sentir protégées. En 15 ans, ces besoins ont évolué. Elle a été élevée librement. Elle gagne sa vie. Elle sait jongler et même trouver un équilibre entre ses activités professionnelles, personnelles, amicales, familiales, et amoureuses. Ses attentes liées au rôle patriarcal, au rôle donc protecteur de l’homme, ne restent plus que théoriques car dès lors qu’elles sont en relation, leurs demandes sont toutes différentes. Elles veulent en revanche toujours plus de communication et refusent encore que l’intelligence inter et intra personnelle ne soit pas aussi naturellement développée chez l’homme. C’est alors souvent une des raisons pour lesquelles l’homme se sent étouffer : dès lors que la femme n’accorde d’importance qu’aux échanges sur les relations.

Finalement, cette troisième voie semble le meilleur moyen de mener à des relations inter-sexes saines et égalitaires puisqu’elle redéfinit la masculinité pour les hommes mais également pour les femmes. Les hommes doivent accepter l’égalité des sexes ainsi que leur part de vulnérabilité, tandis que les femmes doivent accepter des hommes qui se réinventent, tout en restant malgré tout moins enclins à communiquer aussi fréquemment qu’elles sur l’intime. Les femmes doivent accepter que l’homme n’a pas tant de plaisir qu’elles à discuter à propos des relations mais se passionnent aussi pour exercer d’autres aspects de son intelligence. Ainsi, on garde nos complémentarités et l’harmonie se construit et se maintient à deux.

Les articles et livres référencés pour aller plus loin :
- Sur le mouvement féministe au Québec : Descarries, F. (2005). Le mouvement des femmes québécois : état des lieux. https://www.cairn.info/revue-cites-2005-3-page-143.htm
- Sur la distinction valeurs féminines/masculines : Hofstede, G., & Waquet, M. (1994). Vivre dans un monde multiculturel : comprendre nos programmations mentales.
- Sur l’étude des valeurs masculines chez les jeunes canadiens dans le journal Psychology of Men & Masculinity : Oliffe, J. L., Rice, S., Kelly, M. T., Ogrodniczuk, J. S., Broom, A., Robertson, S., & Black, N. (2018). A mixed-methods study of the health-related masculine values among young Canadian men.
- Sur les critiques du MKP et le suicide d’un participant, dans Houston Press : Vogel, C. (2007) Naked Men : The Manking Project and Michael Scinto. https://www.houstonpress.com/news/naked-men-the-mankind-project-and-michael-scinto-6587139
- Hefez, S. (2007). Dans le coeur des hommes. Fayard/Hachette littérature.
- Gazalé, O. (2017). Le Mythe de la virilité.


modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Votre avis, Votre situation
  • Votre e-mail n’est destiné qu’à Love Intelligence afin de vous envoyer éventuellement plus d’informations sur la problématique que vous décrivez

  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Avis des internautes sur cet article :

  1. johanna

    Des recherches intéressantes… Qu’en pensez-vous messieurs ?

 
| Suivre la vie du site paiement sécurisé