En fonction de la phase que vous traversez avec votre couple, nous ne travaillerons pas sur les mêmes choses : il peut s’agir, dans les débuts, de vous accompagner vers une écoute de l’autre et de soi, qui mène à un dialogue solide et permet d’envisager le couple sur le long terme. Dans la phase de doute après la fusion, on axe le travail sur l’acceptation des propres aspirations et spécificités de chacun, pour renouer avec l’autre dans toute sa vérité et sa vulnérabilité. La délimitation du « Je » qui s’effectue rend le « Nous » possible. Les couples qui viennent nous voir et qui naviguent dans une phase d’éloignement sont amener à accepter le caractère difficile de la vie à deux : aimer demande de l’engagement, de la discipline et du courage. En trouvant ce nouvel équilibre conjugal, le couple devient un moteur de changement et de croissance personnelle. Quelques soient les stades, nous cherchons à ce que les personnes que l’on accompagne deviennent des couples soudés, « éveillés », qui s’ouvrent au monde et se réalisent pleinement.
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1 - L’été fusionnel
Le sentiment amoureux émerge d’abord sous forme d’une vague passionnelle qui nous envahit entièrement. Qualifiée de « lune de miel » par Yvon Dallaire et « d’été » dans la vision saisonnière du couple de Gary Chapman, cette période est celle de l’attirance et de la séduction. Les femmes provoquent et les hommes paradent. Chacun se développe et s’épanouit dans le regard aimant de l’autre. Les psychologues Ellyn Bader et Peter T. Pearson parlent de « symbiose ». Derrière ce terme, transparait la notion d’affectivité débordante. Gestes tendres, regards complices et complaisance dans l’acte sexuel rythment le quotidien idyllique des deux amants. Chaque détail est un prétexte pour se prouver mutuellement des points communs. Durant cette phase d’euphorie, une séparation temporaire avec le partenaire est vécue comme un supplice et les retrouvailles sont sous le signe de l’extase. « Comme les êtres androgynes et divisés de l’allégorie de Platon, chacun d’eux n’avait été qu’une moitié. Maintenant ils sont entiers » selon Harville Hendrix dans Le couple, mode d’emploi. « Marion-nous », « fiançons-nous » « soyons liés tout en gardant chacun notre liberté » … La fusion est aussi l’étape où de grands pas sont franchis, propulsant le couple dans le projet excitant d’un avenir partagé.
Problématiques ?
Illusion, déni et identification projective envahissent notre esprit. Emerveillé par les multiples qualités de son partenaire, on se leurre dans une image idéalisée, une perfection factice de l’autre. Chacun est persuadé que l’autre est tout à fait sur la même longueur d’onde et que les traits de caractère ou comportements qui apparaissent déjà comme dérangeants sont supposés disparaître naturellement sous l’effet bénéfique de l’amour. Attention ! Il faut se demander si l’on est véritablement amoureux de l’autre personne ou si l’on est simplement amoureux des sensations provoquées dans notre corps et de l’idée que notre tête se fait de notre partenaire ?
La clé ?
Etre à l’écoute de nos signaux d’alerte ! Même si durant cette phase se regarder dans le fond des yeux apparait comme une façon suffisante de vivre son amour, il faut instaurer un autre langage que celui du regard pour communiquer. Ecouter l’autre et s’écouter soi permettra de créer un dialogue solide et d’envisager le couple sur le long terme : le défi va être de favoriser la maturité du couple tout en maintenant une attirance mutuelle, ingrédient fondamental d’une relation épanouie.
Yvon Dallaire repère ce qu’il appelle « le paradoxe de la passion » : Une fois la fusion satisfaite, nait le besoin d’autonomie. Une nouvelle étape peut alors être abordée dans le couple.
2 - Le discernement automnal
Après le bain de soleil bucolique de l’été, le couple doit faire face à un automne plus morose. Tels les effets d’une drogue qui s’estompent, chacun retrouve progressivement raison et objectivité. Le véritable enjeu est le passage de la fusion à l’amour à travers une « lutte pour le pouvoir ». L’état symbiotique doit être abandonné au profit d’une différenciation bénéfique. La véritable personnalité de l’autre jaillit brutalement entrainant questionnement et déception. Les qualités, pourtant appréciées aux débuts, peuvent être vécues comme de suffoquant défauts. Harville Hendrix nous explique : « Nous sommes amoureux mais incomplets. Nous décidons que la raison pour laquelle nos plans ne fonctionnent pas est que nos partenaires ignorent délibérément nos besoins. » Premières disputes, sentiment de frustration, distance… Autant de nouveaux aspects du couple qui perturbent l’harmonie qui mettent à l’épreuve la relation.
Problématiques ?
La complexité de cette phase tornade est notamment l’ajustement entre les deux partenaires. Bien souvent, il arrive que la femme soit encore dans la période passionnelle lorsque l’homme commence à entrer dans celle de l’opposition. Les tensions sont dues aux différences entre les hommes et les femmes, aux différences existant entre cet homme particulier et cette femme particulière. Elles sont aussi dues à nos attentes frustrées face à la vie de couple et au paradoxe de la passion. Une « adaptation » doit alors être effectuée selon Yvon Dallaire.
Cette période peut s’avérer être un pénible travail de deuil : Il faut renoncer à l’image fantasmée du conjoint parfait, et reconnaitre les qualités et défauts du conjoint réel. Pour certains couples très fusionnels, cette différence est angoissante et révèle des peurs d’abandon : "S’il n’est plus comme moi, s’il ne sent plus les mêmes choses, il va me laisser". Peuvent alors naitre des mouvements de défense, de protection, et de régression plutôt que de maturation.
La clé ?
Malgré la zone de turbulence traversée, le couple doit favoriser la communication sur les points bloquants et oser « couper le cordon ». Il est primordial que chaque membre puisse se recentrer sur soi, se redéfinir comme un et accepter que chacun ait ses propres aspirations et spécificités. La délimitation du « Je » qui s’effectue rend le « Nous » possible. Même si cette période peut paraitre terrifiante, elle est très saine ! Elle permet de se poser de vraies questions, d’éclaircir des zones d’incertitudes et, une fois l’orage passé, de s’engager pleinement et librement dans la relation.
3 - L’apprentissage enneigé de l’interdépendance
Cette 3e période correspond à celle de l’hiver chez Gary Chapman, stade de transformation et de « silence glacial ou de vent cinglant ». Période hostile pendant laquelle, le printemps et le renouveau se préparent pourtant, invisiblement, sous la terre. Yvon Dallaire la désigne comme une période de « stabilisation » par le « partage des pouvoirs ».
Dans cette étape de sa vie, le couple conflictuel devient le couple « conscient », ou le « mariage conscient », définit par Harville Hendrix : « Mariage qui favorise au maximum la croissance psychologique et spirituelle ; c’est un mariage créé en devenant conscient et en coopérant avec les pulsions fondamentales de l’inconscient, à savoir être en sécurité, être guéri et être complet. » Le couple va passer du besoin au désir, de l’attente à la responsabilité : Vivant d’abord dans le besoin et l’attente que l’autre comble un vide et pense ses blessures, c’est le moment pour chacun d’apprendre à apprivoiser ses propres faiblesses et à vivre avec, sans en rendre l’autre responsable : Le couple va gagner en puissance. Ce temps de rapprochement est très important pour l’avenir du couple car s’il est bien accompagné et vécu, la maturité acquise et la sérénité retrouvée promettent au couple une deuxième jeunesse. Il ne s’agira pas de retrouver l’amour de la première fusion (1+1=1), ni de la distanciation (1+1 =2) mais de : 1+1+ notre vie de couple = l’amour.
Problématiques ?
Cette phase met la volonté du couple à l’épreuve. Il est nécessaire que chacun des partenaires remette en question sa manière de fonctionner et sa vision intérieure du couple. Il faut bannir les mauvaises croyances sur l’amour et le couple :
Reconnaitre le but caché de la relation : guérir les blessures de l’enfance
Accepter les parties plus sombres de sa personnalité pour ne pas projeter ses propres traits négatifs sur l’autre
Chercher en soi les forces et aptitudes manquantes (se débarrasser du sentiment de complétude illusoire donné par le partenaire)
La clé ?
La maturation du couple n’est possible que dans le cas d’une connaissance profonde du fonctionnement personnel de chacun et du couple lui-même. Mais qu’est-ce que cela implique ?
Le couple conscient est caractérisé par le fait de se créer une image plus précise de son partenaire, d’oser communiquer ses désirs et besoins et d’estimer ceux de l’autre. Il s’agit également d’accepter le caractère difficile de la vie à deux : aimer demande de l’engagement, de la discipline et du courage. A mesure de prises de conscience et d’ajustements, le couple se rapproche et la phase d’incompréhension et de conflit laisse place à un nouvel équilibre conjugal.
Non plus envisagé comme un refuge dans lequel on voudrait se cacher et faire durer le sentiment de sécurité, le couple devient un moteur de changement et de croissance personnelle.
Le couple est alors dit « connecté » : les deux partenaires ont appris à fonctionner ensemble, à unir leurs aspirations et envies, et à avancer dans la même direction.
4 - Un pétale printanier sur le couple libéré
Lorsqu’un couple, après de nombreuses années de mariage et d’évolution, entre enfin dans cette phase, il vit une deuxième jeunesse. Loin de l’atmosphère caniculaire et fusionnelle de l’été, le couple explore avec douceur et légèreté l’ère printanière.
Les conjoints se connaissent l’un l’autre en profondeur, dans leur failles, leurs défauts, et ne cherchent pas à les combler par le partenaire. Au contraire, chacun voit le couple comme lieu de croissance commun, dans la clairvoyance et la compréhension de l’un et l’autre et de ce qu’ils vivent. Ils ne cherchent plus la fusion initiale mais sont comblés par la relation car les attentes ne sont plus démesurées. Bien sûr, des disputes peuvent avoir lieu mais elles seront mises à profit pour avancer et se comprendre. De plus, on comprend que l’autre n’est pas là pour solutionner nos problèmes mais que le couple lui-même offre un espace de travail efficace pour traiter ceux-ci.
C’est l’époque du renouveau, des nouvelles habitudes, de nouvelles façons de s’aimer et d’interagir, qui font revivre l’amour romantique des débuts, la maturité en plus. Le bonheur d’être ensemble est à nouveau présent, tout comme l’amour réciproque : un amour qui n’est plus idéalisé mais dont l’imperfection est acceptée et même, apprivoisée. Chacun est épanoui à la fois seul et à deux, plus libre et aussi plus heureux. On s’est faits l’un à l’autre et, ensemble, on fait exister l’amour.
Problématiques ?
Le couple, bien qu’ayant trouvé son équilibre interne en duo, doit s’armer contre les intempéries susceptibles de perturber cette harmonie. La cohabitation, par exemple, n’est pas toujours facile à vivre et chacun doit s’ajuster aux modes de vie de l’autre. L’arrivée d’un ou plusieurs enfants bouscule les repères d’une relation exclusive. La retraite, quant à elle, engendre un remodelage des habitudes du quotidien et un accord dans les attentes futures.
La clé ?
On ne le dira jamais assez : COMMUNIQUER ! Garder au fond de soi des frustrations et des non-dits n’apaisera jamais les désaccords du couple, au contraire. L’arrivée des enfants doit s’accompagner d’une démultiplication de son amour envers partenaire et enfant(s) et d’une distinction entre amour conjugal et amour parental. La retraite doit être la porte ouverte à la réflexion et aux bilans de vie.
Le couple printanier est un couple « éveillé ». Mûr et dans la fleur de son âge, il s’ouvre au monde et se réalise pleinement.
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