Le mirage de l’amour parfait
Il est profondément humain (et même ancestral) d’espérer de la réunion amoureuse de deux êtres, qu’elle incarne la perfection, dans la passion, dans la fusion, dans l’exacerbation des sentiments. Le mirage de l’amour parfait pousse l’individu à appréhender l’amour comme une forme de magie qui le transcende et qui transcende surtout l’imperfection de ce monde.
C’est là qu’on oublie qu’il n’est précisément que la réunion de deux êtres imparfaits qui cherchent l’un en l’autre à combler un manque, à palier un sentiment douloureux d’incomplétude comme nous l’avions défini dans l’article « devenir plus complet grâce à ce qui m’agace chez l’autre ».
La quête inconsciente de l’amour parfait n’est autre que le reflet de notre recherche de perfection en nous-même. Platon définissait la nature de ce mythe d’un amour fusionnel comme étant un amour de concupiscence, de convoitise où chacun cherche en l’autre une source de plénitude nourricière dans laquelle puiser.
Mon partenaire idéal, si différent, ne vient plus me bousculer.
Le mirage de l’amour parfait prend sa source dans la quête du partenaire idéal, celui qui viendra parfaitement s’accorder à notre Moi intérieur. Quête inconsciente qui définit la rencontre amoureuse sur les bases d’un oedipe mal résolu, celui par lequel on est bien souvent condamné à reproduire, au travers de nos relations amoureuses, la relation marquante de notre enfance, celle qui nous a causé des blessures narcissiques ou celle qui a généré des manques.
Cet autre, ce partenaire avec qui tout semble si évident n’est autre, dans son mode d’être et d’existence, que l’incarnation d’un substitut psychique et inconscient venu combler notre Moi nostalgique, celui qui n’a pas été suffisamment développé par nos parents, celui qui a été un peu comprimé ; L’autre vient le réveiller, et donc « ça bouscule » ! Mais c’est magique au début, et puis bien plus difficile à vivre par la suite si on ne vient pas comprendre que c’est, justement, pour ses différences qu’on a été attiré par notre moitié.