L’angoisse des relations contemporaines
Les statistiques l’ont suffisamment montrée, la relation de couple pâtit depuis deux décennies d’un manque de repère, de codes, de structures qui aura bientôt eu raison de ses fondements et l’aura fait imploser. L’amour s’affranchit de tout et chacun y patauge allègrement pris en étau entre un besoin d’autonomie sans précédent et un fantasme de soumission à un cadre strict. Car l’homme enfouit en lui ce besoin fondamental de structure, d’orientation et de dévotion qui s’inscrit dans son inconscient comme un repère nécessaire à l’épanouissement de l’être. L’angoisse de nos relations contemporaines c’est ça : ce manque écrasant de repères, de protections, de remparts qui octroie à l’amour une dimension indéterminée, bancale et fragile. La souffrance y est subie tant l’absence de cadre soumet l’amoureux au sentiment que sa valeur ne dépend plus que de ce ballet incomplet, désynchronisé, tumultueux…
Une douleur maitrisée pour une relation codifiée
La corrélation avec 50 nuances de grey est subtile et pourtant… Lorsque le SM devient un fondement de la relation, de l’amour tel qu’il n’existe plus dans nos sociétés modernes, la question se pose : à quoi tient aujourd’hui la relation de couple hors de tous codes, de tous repères ? La sexualité SM loin de n’être qu’une pratique malsaine devient ici le ciment de la relation en incarnant un code, un guide fermement construit de façon à enraciner l’amour dans quelque chose qu’il ne possède plus : un cadre, une structure. Faites de normes, de traditions et de codes, la pratique sexuelle sadomasochiste mise en scène fait écho à la grande problématique de notre ère dans laquelle s’inscrit le rapport homme/femme. Femme à la fois émancipée et soumise, affranchie et dépendante, qui fait face à un stéréotype de beauté et de virilité dominant, 50 nuances de grey marque un idéal social dans lequel on se perd. Alors quand nos relations contemporaines pâtissent d’un manque de cadre, d’institution et de repères et deviennent une expérience sociale paradoxale, une sexualité codifiée et ritualisée s’impose comme le nouveau ciment du couple.