Deux manières d’envisager le quotidien
« Puisque l’avenir ne garantit pas le bonheur à venir, justement seul le quotidien peut être source réelle de bonheur » écrit la psychanalyste Fabienne Kraemer dans son livre "Je prends soin de mon couple". Il existe deux manières d’appréhender son quotidien : comme un refuge ou comme une source d’angoisses. En effet, certains comparent leur quotidien à un refuge, un endroit qu’ils chérissent plus que tout et pour lequel ils œuvrent constamment pour l’améliorer de jour en jour. Le quotidien est donc vu comme un espace-temps d’apaisement et de satisfaction. A contrario, pour d’autres, le quotidien peut être source d’angoisses car ils ont l’impression d’être écrasés sous les contraintes, de ne jamais avoir de temps pour eux et d’être enfermés dans une spirale permanente d’obligations. Alors, le quotidien représente stress et difficultés. Mais notre vision du quotidien n’est pas influencée principalement par les contraintes, l’importance de nos revenus, des faits extérieurs mais bien par les personnes qui nous entourent.
Faute à la routine ou à notre conjoint(e) ?
Lors de l’état amoureux, le premier des 5 stades du couple, il est difficile pour les deux amants de vivre une séparation, même courte. L’absence de l’autre, dans les débuts de la relation, est ressentie comme un manque car les deux amoureux sont fusionnels. Ils ont tout le temps envie d’être ensemble, de se découvrir, de partager des moments complices. A contrario, au bout de quelques années, c’est la présence constante de l’autre sur laquelle on focalise tous les agacements, c’est elle qui pose problème et la séparation est parfois vue comme un véritable soulagement, un besoin de prendre l’air car on a l’impression d’étouffer dans notre routine. Mais est-ce la faute du quotidien ? Ou de notre conjoint ? Quelle place occupe l’amour dans tout ça ? Est-ce qu’au début de la relation le manque de l’autre est une preuve d’amour ? Et au bout de quelques années, est-ce que l’impression d’étouffement signifie qu’il n’y a plus d’amour ?
Le quotidien a bon dos ! Ce n’est pas la faute du quotidien mais de notre organisation
Le manque, comme l’étouffement, sont le signe d’un rapport « maladif » à l’autre. En effet, le manque de l’autre est lié à la dépendance hormonale des débuts. L’état amoureux provoque chez les deux amoureux des sensations palpitantes : boule au ventre, yeux qui pétillent, cœur qui bat très vite… Bref, c’est le moment des papillons dans le ventre et des étoiles dans les yeux qui provoque une certaine addiction à l’autre. Et cette addiction nous abrutit, on est aveuglés par le sentiment amoureux. Quant à la sensation d’étouffement dans son couple et d’avoir besoin d’être seul(e) de temps en temps, c’est le reflet d’un manque de communication, d’une ambiance conflictuelle et pesante. Pourquoi ? Souvent, lorsque le couple s’installe ensemble, il se crée un univers, un cocon avec ses habitudes et son organisation. Mais le couple ne se pose pas la question de savoir si ces habitudes et ce mode d’organisation seront satisfaisants à vie. Et les habitudes étant difficiles à changer, le couple campe sur un système mis en place depuis un certain temps, ce qui provoque, à terme, de la lassitude. Ce n’est pas la faute du quotidien car un quotidien bien mené permet d’être épanoui.
Organisation bien menée et vision pour être heureux sans routine
La lassitude apparait à cause d’une répétition, d’une routine : on fait les mêmes gestes, les mêmes actions et à force, on en a marre. Qui dit habitude dit plus de surprise, voire même plus de désir. Comment peut-on se lasser d’entendre rire nos enfants, de regarder notre film favori blotti contre notre moitié, de regarder un coucher de soleil, de dîner dans notre restaurant préféré ? Comment peut-on se lasser d’être aux côtés de la personne que l’on aime, celle qui nous connait, nous soutient, nous accepte comme on est ? Ne devrait-on pas, au contraire, être heureux d’avoir quelqu’un sur qui s’appuyer pour surmonter les épreuves de la vie ? Le problème lié au quotidien ne vient pas de l’autre mais de soi. Notre quotidien dépend de nous, de la manière dont on appréhende les jours, de notre aptitude à surmonter la répétition des jours. Avant d’être heureux à deux, nous devons d’abord être heureux individuellement pour pouvoir s’épanouir.