Le deuil, une situation délicate dont on parle peu :
Le veuvage est une situation dont on ne parle que très peu, et qui pourtant est très délicate. Elle peut survenir après de longues années de maladie, ou brutalement au cours d’un accident. Dans tous les cas, lorsque l’on est confronté à cette séparation, le monde semble s’écrouler sous nos pieds, et la vie nous paraît insensée. Reprendre le cours de la vie normale paraît impensable, et le quotidien peut sembler parfois vide voire inutile. Le manque physique du conjoint est évoqué par des objets, des photos, des souvenirs, des pièces, des vêtements et rappelé lors de moments spécifiques comme les repas, le coucher, les fêtes de famille. La solitude pèse, et la personne veuve doit assurer le rôle des deux parents. Le manque d’amour est pesant, et les autres couples évoquent le sien. Si cette douleur peut paraître insurmontable, il ne faut pas oublier qu’elle est nécessaire pour bien vivre son deuil, et qu’avec le temps, elle s’apaisera.
Les étapes du deuil :
Le deuil est long et ardu. Il dure en général au moins deux ans, pendant lesquels on passe de la sidération au déni, puis à la révolte, et l’on passe parfois aussi par la dépression. Des altérations intellectuelles, affectives, du sommeil, de l’alimentation, sont notables. Une remise en question existentielle, ou une remise en question du sens de sa vie est souvent observée, car un deuil rend futile tout ce que nous percevions auparavant comme important. Ainsi, en parallèle aux étapes de deuil, la personne veuve va devoir rechercher du sens dans sa vie, et se trouver un nouveau but afin de continuer à vivre. Sa raison de vivre ayant disparu, cette étape va nécessiter beaucoup de temps.
Donner du sens à la mort du conjoint ?
Beaucoup tentent de donner du sens à la mort du conjoint, afin de se protéger de la douleur. Certains affirment que sa mort est un soulagement car il souffrait trop sur terre, d’autres relativisent en se convaincant que d’autres souffrent plus encore de certains deuils. Si cette manière de faire son deuil est une manière de se préserver, elle n’est pas bonne s’il s’agit d’une fuite de la réalité de la mort du conjoint.
Bien vivre son veuvage :
Afin de bien vivre son veuvage, des éléments sont à prendre en compte.
- Surtout, ne retenez pas vos émotions. Parlez de votre conjoint, n’évitez pas le sujet, car c’est en parlant que vous parviendrez à prendre du recul et à extérioriser vos pensées. En aucun cas la mort ne doit être un tabou, car si elle en est un, vos sentiments vont progressivement vous étouffer. N’ayez aucune honte à pleurer, car cela permet d’extérioriser. N’hésitez pas à aller voir un psychologue : ce sont des professionnels, et ils sauront vous accompagner dans cette période difficile de votre vie.
- Dans le cas où vous avez des enfants mineurs, il est important de noter que vous ne devez pas chercher du réconfort près d’eux : ils sont déjà affectés, et ce ne sera que plus dur pour eux de sentir qu’ils doivent vous prendre en charge. Au contraire, soyez leur source de réconfort, et emmenez les faire de nouvelles activités. Cela vous changera les idées, et vous retrouverez une atmosphère familiale plus légère. En ce qui concerne le besoin de réconfort, privilégiez les personnes adultes et moins affectées. Avec vos enfants, cependant, parler du défunt est important : les souvenirs, comment chacun traverse cette période.
- Ne restez pas seul(e) malgré votre volonté de l’être. C’est un moment très dur pour vous, et, ce qui est tout à fait normal, vous avez envie de vous renfermer sur vous même, parce que vous vous sentez incompris(e). Au contraire, cherchez à être entouré(e), allez voir votre famille, afin de sentir que vous êtes soutenue par votre entourage, et de vous changer les idées. Ne refusez pas les invitations et innovez en choisissant de nouvelles activités. Votre conjoint aurait-il aimé vous savoir renfermé sur vous-même ? Même si c’est extrêmement dur de s’ouvrir, se forcer porte ses fruits car c’est rester dans la vie, dans l’ouverture, le partage.
- Des amis qui changent. Avec le temps, il est possible que certains amis s’écartent de vous, d’autres au contraire se rapprochent. Ceux qui se distancent le font souvent par gène, ou pour vous laisser un peu d’intimité. Dans tous les cas, ne restez pas abattu(e) et soyez curieux(se) de ce que vous pouvez dorénavant faire sans l’autre. Tous les possibles peuvent être déroutants, mais il faut s’essayer à l’un, à l’autre, tester, pour vous confronter à ces réalités et voir ce que vous aimez.
- Cherchez aussi à faire de nouvelles rencontres via de nouvelles activités pour apporter un peu de « fresh air ». Tout comme Thomas, le héros du roman de Luc Lang. Au commencement du septième jour, vous devez parvenir à continuer votre vie après un deuil.
Comment trouver la bonne distance face à cet être disparu ?
Suite au décès de votre conjoint, le quotidien vous paraît parfois terne, parfois insurmontable. C’est normal. Les pièces vous évoquent des souvenirs, tout comme les objets et photos. C’est une grande étape du deuil que de trouver la bonne distance avec votre conjoint. Tout comme ses affaires, vous ne devez pas tout garder ou tout jeter. Il faut prendre assez de recul pour être capable d’affronter les souvenirs, mais pas non plus s’y accrocher.
S’ouvrir au monde, au renouveau. En amour aussi ?
Après un deuil, sortir, côtoyer, s’autoriser à avoir de belle relations, et même flirter avec d’autres hommes et femmes peut vous paraître comme une trahison envers votre conjoint. Il n’en est rien. Il faut comprendre qu’être amoureux et en deuil de son conjoint n’est pas incompatible. Ce n’est pas parce que vous êtes veuf(ve) que vous devez rester célibataire en hommage à votre conjoint. Pensez au bonheur qu’il ressentirait en voyant le vôtre. En revanche, prenez le temps de vous sentir prêt. Cela peut prendre des mois comme des années. Attendez, et ne soyez pas influencé(e) par la pression des autres. Si vous vous mettez trop rapidement dans une relation, vérifiez s’il ne s’agit pas là d'une fuite du deuil, et de sa tristesse. Attendez d’être prêt(e), et ne culpabilisez pas en côtoyant de nouvelles personnes, ou en vivant une nouvelle histoire d’amour. Beaucoup pensent en outre que la sexualité des veufs est éteinte. Or, il n’est pas anormal de ressentir du désir après le décès de son conjoint. Ne refoulez pas ces désirs et accueillez les comme ils sont.
Tirez le bon enseignement de votre relation passée :
Une étape importante dans le deuil est la prise de recul sur la relation que vous aviez avec votre conjoint. Interrogez vous sur ce que vous a apporté cette relation, et vos erreurs. Voici un petit questionnaire qui peut vous aider à faire le point sur votre relation avec votre conjoint(e) et vous permettre de prendre du recul sur la relation que vous avez entretenue avec lui/elle :
Que vous a appris cet homme / cette femme ?
Quelles sont les situations d'échecs ou de malchance que vous savez ne pas vouloir reproduire ?
Quelles ressources avez-vous développées dans cette relation ? (points positifs de votre personnalité
que vous avez découverts ou renforcés)
Quel cadeau avez-vous reçu de cette expérience amoureuse ?
Quelles ont été vos erreurs ? les siennes ?
Quel est le meilleur souvenir que vous avez ensemble ?
S’il vous voyait, comment voudrait-il que vous vous comportiez ?
Si vous deviez lui écrire une lettre d’à Dieu, que lui écririez-vous ?
Si vous aviez un choix à faire, quelle erreur ne commettriez-vous plus dorénavant ?
Être prêt pour de nouvelles rencontres :
Comme nous vous l’avons dit, être veuf ne signifie pas être célibataire le reste de sa vie. S’il vous paraît au début impossible d’envisager de nouvelles relations, le temps apaisera vos douleurs. L’amour vous éveillera aux plaisirs de la vie que vous aviez oubliés, et vous permettra d’aller de l’avant. Ce sentiment vous donnera une impression de renaissance, ne le rejetez pas. Acceptez de vous ouvrir à cette éventualité qu’est l’amour, et ne vous renfermez pas. L’amour sera pour votre douleur un véritable baume.
Si la culpabilité peut vous revenir de temps à autre, il est important de noter que votre nouvelle relation doit être ajustée par rapport à votre conjoint(e) disparu(e). Ce sujet ne doit pas être tabou : vous devez pouvoir vous confier, lui raconter des souvenirs, exposer quelques photos. Laissez également à votre nouveau partenaire assez d’espace pour qu’il se sente accueilli dans votre famille, surtout dans le cas où vous avez des enfants.
Votre nouvelle relation vous ouvrira des horizons que vous aviez perdus de vue.