Ados en couple de longue durée : un phénomène en hausse ?

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Au cours des dernières années, on observe une recrudescence des couples de longue durée parmi les adolescents. À 13, 14, 15 ou 16 ans : à peine ils commencent à acquérir un peu d’autonomie, et les voilà déjà engagés dans des relations intenses, sérieuses, durables… qui peuvent parfois angoisser ou déstabiliser les parents, voire même le couple parental (cf. nos articles « Mon ado est déjà en couple » et « Nos ados déstabilisent notre couple »).

Ça vaut la peine d’analyser le phénomène plus en profondeur. Ici, nous laisserons de côté la question de savoir POURQUOI les ados peuvent choisir, à leur très jeune âge, de construire des couples solides (nous l’avons déjà traitée dans l’article ci-dessus). Il nous importe plutôt de comprendre pourquoi ce phénomène, jadis extrêmement minoritaire, est désormais en constante augmentation.

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‍Une plus grande liberté ?‍

Une première analyse rapide, c’est que la libération constante des moeurs dans nos sociétés retentisse sur les adolescents, en les encourageant à se désinhiber et à vivre des expériences amoureuses et sexuelles importantes plus tôt que leurs grands frères et sœurs.

Néanmoins, en supposant que cette hypothèse soit bonne, la question se pose de savoir pourquoi ils choisissent un modèle « classique » et fusionnel plutôt que de papillonner, s’amuser, expérimenter…Bref, profiter de leur jeunesse comme leurs aïeuls l’auraient davantage préconisé. Nous connaissons bien ces jeunes couples, ils restent ensemble des années, de 14 à 24 ans par exemple. Avec 10 années ou presque de sexualité régulière.

Ces jeunes ont parfois beaucoup à nous apprendre sur la manière de gérer leurs différends et leurs différences.

La réalité est qu’il y a une hausse du romantisme chez l’adolescent malgré les youtubers basico-basiques sur les questions de la relation amoureuse, le porno facilement accessible, le rapp qui met toujours en avant, uniquement, le côté sexy de la femme. Il y a les séries, Netflix and co, qui parlent très d’amour parfois mais aussi de désamour, de zapping, de sexfriends, de désabusement de l’amour.

Alors pour ne pas vous perdre, voici les raisons de choix de nos bébés couples, et comment s’y prendre pour ne pas casser nos ados, les aider à se construire, alors qu’un jeune homme, une jeune femme prend toute la place ?

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UN REPÈRE COCON CONTRE LA DÉSIDÉALISATION DE L’AMOUR ET LE DÉSENGAGEMENT DES ADULTES

Cette hausse de « romantisme » adolescent pourrait correspondre à la hausse récente des séparations, des divorces et des recompositions familiales. La fragilité voire l’absence de repères émotionnels stables à l’extérieur peut alors faire surgir chez les jeunes un besoin de stabilité, de fusion ; une envie de fuir la solitude et de retrouver un cocon rassurant.

Un article paru sur Libération pointait également ces « réalités de l’adolescence actuelle, pour qui les valeurs fondamentales sont famille, fidélité et amour toujours, face à des parents souvent divorcés. » De ce point de vue, le jeune couple d’ado « se soigne » alors, ou « répare », le couple émietté et conflictuel des géniteurs.

Une sorte de défense contre la désidéalisation sociétale de l’amour, le consumérisme relationnel et le désengagement de leurs ainés.

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UNE DÉFENSE CONTRE LE VIDE PSYCHIQUE LIÉ À LA PHASE ADOLESCENTE

Mais cela pourrait aussi constituer un abri, une sorte de rébellion réactionnelle, contre le vide intérieur qu’ouvre souvent l’adolescence.

S’agissant en effet d’une période de la vie qui amène de grands bouleversements physiques et psychologiques, tout un tas d’ « aménagements » intérieurs ont lieu. Les ados doivent abandonner le terrain du jeu infantile avec sa créativité et ses découvertes, et trouver de nouvelles manières d’exprimer leur créativité et sublimer leurs pulsions, de plus en plus envahissantes du fait des changements hormonaux.

Ces modifications peuvent donner à l’ado une impression inconsciente de vide et de stagnation créatrice, contre lesquelles l’amour fusionnel s’avère être un puissant antidote.

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UN DÉVELOPPEMENT PHYSIOLOGIQUE ET SEXUEL PRÉCOCE

De plus, ces tremblements de terre physiologiques et psychiques semblent advenir de plus en plus précocement. Notre environnement davantage pollué que par le passé, et notre culture alimentaire trop souvent influencée par la « malbouffe » et les aliments industriels, seraient susceptibles de produire une accélération dans le développement des jeunes.

Ainsi, les filles ont leurs premières règles bien avant leurs grand-mères et les garçons, bien qu’encore un peu en retard par rapport à elles, rentrent dans la puberté avec pas mal d’avance par rapport aux générations précédentes. Nos ados grandissent en somme plus vite du point de vue physique et sexuel ; ils sont appelés plus tôt par la nature à trouver des partenaires pour la reproduction…

Eh oui, chers parents ! Parlez contraception à vos ados, ou vous risquez de prendre un coup de vieux…

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UNE INJONCTION CULTURELLE, SOCIÉTALE ? L’INFLUENCE DES MEDIAS.

Nous ne saurions pas omettre le facteur culturel, et en particulier audio-visuel. On n’a jamais vu autant de baby-couples à l’écran comme à Hollywood.

Il est donc possible que cette « propagande » retentisse sur les adolescent(e)s et les incite à constituer des couples sérieux à un âge précoce. En 2006, dans le film High School Musical, Zak Efron et Vanessa Hudgens (alors âgés de 19 et 20 ans) anticipaient cette tendance « couple adolescent solide », qui a assurément inspiré bien de téléspectateurs.

En 2009, Selena Gomez et Justin Bieber commencent à sortir ensemble et font la une des magazines people : elle a 18 ans, il en a 16. Aujourd’hui, les séries télé mettant en scène des couples très jeunes et très unis abondent à l’écran : de Gossip Girl à The End of the F**king World, en passant par Alex Strange Love, The Kissing Both ou 13 reasons Why.

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UNE PLUS GRANDE FACILITÉ DE RENCONTRE GRÂCE AUX APPLICATIONS ET AU DIGITAL ?

Love Intelligence décèle enfin une autre raison, qui pourrait expliquer la hausse de relations durables chez les adolescents.

Les jeunes générations, nées dans le bain d’internet et férues de smart-phones, d’applis et de communication virtuelle, auraient-elles une plus grande facilité pour faire des rencontres ?

On sait en effet que l’un des blocages qui empêchaient jadis aux ados de vivre des romances, était la timidité liée à leur inexpérience et leur « malaise » adolescent.

A l’heure actuelle, les jeunes disposent de la protection des écrans et ont probablement plus d’occasions et d’assurance pour enclencher des rencontres et donc des relations.

Car ils vont oser envoyer un message, alors qu’ils n’oseront pas le dire verbalement. Si cette idée était fondée, cette hausse ne reflèterait pas tant une modification des adolescents contemporains, mais une libération des attentes romantiques des adolescents tout court, quelle que soit leur époque…

Si nos grand-parents avaient connu snap-chat, ils seraient peut être tombés amoureux plus tôt que prévu ! Et n’auraient pas attendu 24 mois pour se déclarer.