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Je suis trop gentille, et n’ai pas assez de reconnaissance en famille

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Vanina se veut une épouse parfaite. Sa maison est impeccablement tenue, elle cuisine admirablement bien, elle reçoit beaucoup. Pédiatre, militant dans de nombreuses associations, elle ne cesse de donner aux autres, de se dévouer. Pourtant, les disputes ne cessent de fuser dans l’intimité de la famille. Pendant les repas, elle questionne anxieuse, « c’est bon ? ». « Oui » répond mollement son mari William. Quant à ses enfants, ils pointent systématiquement les failles : « j’avais préféré le dîner de l’autre soir » ou bien « j’ai déjà mangé des pois gourmands ce midi ». Vanina éclate alors de colère et se plaint de ne recevoir, malgré tout le mal qu’elle se donne, qu’ingratitude.

A/ William devrait faire des efforts pour reconnaître le soin que son épouse apporte à sa famille et gronder ses enfants qui se comportent avec irrespect.

B/ Vanina, pour la peine, et à son corps défendant devrait ne plus s’occuper des repas. William verra bien lui comme c’est désagréable de ne recevoir que des critiques quand on essaie de faire plaisir.

C/ Vanina pourrait expliquer avec calme qu’elle s’investit beaucoup pour le bien-être de tous et qu’elle attend en contrepartie une reconnaissance du mal qu’elle s’est donné.

L’avis du psy :

Que cache Vanina derrière cette quête insatiable de reconnaissance ? Quel manque de confiance en elle essaie-t-elle en permanence de combler ? Pourquoi son époux lui refuse-t-il ces compliments qui pourraient restaurer en elle un peu de confiance en soi ? Pourquoi ses enfants se comportent ainsi en enfants rois toujours insatisfaits ? Vanina est en prison, la prison de la perfection. Elle pense que pour être aimée, elle se doit de mériter, presque d’acheter les sentiments de son entourage par son dévouement sans limite. Elle n’imagine pas que l’on puisse l’apprécier pour elle-même. Elle s’impose cette conduite masochiste et plus elle en fait, moins elle reçoit ce qu’elle attend.

Nous avons en nous une instance que Freud a baptisé surmoi, qui est gardienne de notre conscience morale, de notre bonne conduite, qui nous compare en permanence avec nos idéaux et nous juge impitoyablement lorsque nous déméritons (face aux propres idéaux que nous nous sommes construits). Ce n’est pas simple de négocier avec cette instance en nous, car à elle, nous ne pouvons rien cacher. Elle sait ce que nous faisons bien sûr, mais elle sait surtout ce qui nous tente et plus nous résistons à la tentation, plus la tentation se fait taraudante et la culpabilité qui suit aussi ! Ainsi, du fait du surmoi, la culpabilité vient sanctionner aussi bien nos mauvaises actions que notre trop grande rigueur morale !

La solution ? Faire plus de place au plaisir …..

Pourquoi Vanina reçoit tant d’ingratitude ?

Elle représente pour sa famille un modèle inégalable et épuisant, une sorte de surmoi externe justement : comment (le fils ou le père) pourrait-il faire sa grasse matinée paisiblement quand Vanina est partie depuis deux heures faire son footing ? Comment le mari pourrait-il pantoufler à son poste tranquillement lorsque sa conjointe Vanina annonce quotidiennement des rencontres, des défis remportés, de nouveaux projets humanitaires ?

Conjoint et enfants, au lieu de se mettre à ce diapason épuisant, ont opté pour une autre solution : minorer en permanence ses qualités pour n’en être pas écrasés. Le cercle vicieux est installé au sein de cette famille : plus Vanina en fait, plus sa famille dénigre ses mérites et plus elle s’inflige de nouveaux défis pour tenter de recevoir enfin la reconnaissance attendue.

Dans ses demandes anxieuses « ça vous plait ? », « c’est bon ? » qu’est-ce que William entend ?

Dans ses demandes anxieuses « ça vous plait ? », « c’est bon ? » William entend les fragilités de sa conjointe et, malgré lui, l’image qu’il se fait d’elle en est ternie. Les qualités objectives de sa conjointe disparaissent et il ne voit plus que la petite fille mal-aimée et misérable qui mendie un amour qu’elle n’a jamais eu et qu’elle n’aura jamais.

Comment pourrait-il y remédier ? En lui faisant découvrir davantage les plaisirs de la rencontre érotisée entre un homme et une femme, il l’aiderait à renoncer plus aisément aux chimères grisantes de l’amour idéalisé de l’enfant par son parent.


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