Les femmes organisent les sorties et le lien social du couple. Vérité dérangeante ?

Le savoir-faire relationnel : un « savoir-être » avec l’autre

Traditionnellement assignées au foyer, les femmes ont développé, à partir de leurs prétendues « fonctions » domestiques, des savoirs, des habitus, des inclinations, des compétences, des réflexes... Parmi ceux-ci, on compte une disposition à écouter, à prendre soin, à accueillir, à faire lien... Bref, tout ce qu’on désigne dans le monde anglo-saxon sous le nom de « care » (sollicitude). Ce savoir-faire est en fait un « savoir-être » avec l’autre, qui regroupe la disponibilité psycho-affective, l’attention, la prévenance, l’intérêt, l’empathie, le souci d’autrui... Le fait de donner de l’importance au bien-être et aux émotions qui ne sont pas les siens, et à leur donner même parfois la priorité.

L’intime : une donnée « féminine » issue de l’éducation

S’agit-il d’une donnée « féminine » ? D’un attribut que les filles recevraient en dot à la naissance ? Ou plutôt d’une véritable compétence sociale, que la position tenue par les femmes stimule et développe ? Simone de Beauvoir faisait observer à quel point les filles apprennent, au cours de leur éducation, à « être pour l’autre » : agir en fonction d’autrui, penser pour autrui, s’inquiéter pour « nous » au dépens du « je »... Ainsi, au fil de leur histoire, les femmes ont probablement investi et appris à manier la sphère de la communication intime, de la parole et du lien affectif davantage que les hommes. Si l’on se réfère aux 7 degrés de l’intimité identifiés par Matthew Kelly, on voit bien que les femmes se placent tout en haut de l’échelle, là où a lieu l’ouverture véritable à l’autre ; où on prête l’oreille aux besoins humains profonds ; où surgissent l’amour et l’amitié.

Les Femmes et le lien social dans le couple: Une inégalité de plus qui pèse sur les femmes, et qui fait souffrir les hommes ?

Cette capacité de « faire lien » n’est donc pas forcément féminine par nature, mais appartient socialement et culturellement aux femmes. Les hommes peuvent en manquer cruellement et cela engendre, chez eux comme chez les femmes qu’ils aiment, beaucoup de souffrance et d’incompréhensions mutuelles. Dans le couple, les femmes peuvent donc avoir tendance à assumer tout ce qui relève de ce domaine, car elles s’y sentent plus à l’aise. Or, ce partage du « travail social » du couple peut être vécu comme une inégalité de plus dans la division des tâches au sein du foyer. « Pourquoi c’est toujours moi qui pense à prendre des nouvelles de nos amis ? » ; « Pourquoi nos amis sont finalement mes amis ? » ; « Si tu n’as pas tellement d’amis, c’est peut être que t’as un problème... »

En attendant une égale compétence affective entre hommes et femmes, comment s’y prendre en couple !

L’avenir nous fera peut être cadeau d’un monde où chaque être humain, indépendamment de son sexe biologique, aura la chance de pouvoir explorer, développer et apprendre à faire usage de ses émotions, de ses affects et de tout ce qui relève du lien interpersonnel. Un monde où ce « savoir-être » avec l’autre sera mis en valeur et, pourquoi pas, enseigné à l’école au même titre que la littérature ou les maths. En attendant, les femmes continuent souvent d’être plus « éduquées », plus savantes, moins inhibées que les hommes dans ce qui relève du lien, et à porter sur leurs épaules la charge sociale du couple. Comment penser cette différence dans un contexte post-patriarcal ? Comment éviter qu’elle devienne source de frustration et de fortes critiques entre les conjoints ?

Prendre conscience de cet atout sans rabaisser l’autre

Les femmes peuvent devenir conscientes de cet avantage affectif qui découle, en partie, de leurs désavantages socio-culturels et économiques. Être cantonnées à la sphère domestique et de l’intime a eu pour conséquence un affinement « féminin » de la sensibilité émotionnelle, de la communication intime et des compétences socio-affectives. Bon nombre d’entre elles le savent déjà et s’en servent d’ailleurs dans leur métier : voilà pourquoi les professions du soin et du social sont encore largement « féminisées ».

Dans le couple, elles devront faire attention à ne pas se sentir obligées de toujours tout assurer pour le maintien du lien social du couple : si leur conjoint est moins à l’aise avec cela, rien n’empêche de lui transmettre petit à petit, avec douceur, une part de ce savoir-être. Surtout ne pas le rabaisser !

La connexion intime : un besoin universel. La clé pour ne pas faire souffrir nos hommes quand ils en manquent cruellement.

Le manque d’éducation émotionnelle et affective dont souffrent les hommes pèse d’abord sur ces derniers. Chez Love Intelligence, nous rencontrons quotidiennement la douleur et les difficultés qui découlent du manque « masculin » d’aisance affective : comment faire avec l’autre ? Comment lui parler ? Comment interpréter et comprendre ses besoins ? Comment tisser des relations intimes ? Comment s’ouvrir et parler de ses ressentis sans avoir l’air niais ? Autant de questions dont découle, pour beaucoup d’hommes, une activité socio-affective moins intense que pour les femmes. Pourtant, chacun de nos experts Love Intelligence sait à quel point le besoin d’amour et l’envie de partage intime n’a pas d’âge ni de sexe ! Tout un chacun s’épanouit dans le couple lorsque le canal émotionnel à l’autre se trouve enfin libéré... Donc ne les jugez pas mesdames, mais montrez leur la voie car ils cherchent cette connexion avec nous, et aimeraient avoir cette facilité sociale, même si ce n’est pas facile à avouer. Lisez et relisez l’article sur les 7 degrés d’intimité pour leur expliquer que s’ils ne parlent plus qu’avec leur entourage des 4 derniers piliers, ils créeront des liens plus facilement :Les 7 degres du dialogue pour une connexion incroyable avec lesquelles on souhaite être proche.

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La capacité d’être seul : force ou faiblesse ?

Surtout, derrière cette « fermeture » sociale, peuvent se cacher une richesse intérieure et une sensibilité inattendues, qui simplement ne trouvent pas d’outils communicationnels pour s’exprimer. En couple, les femmes peuvent avoir tendance à mesurer les apports de chacun par souci d’égalité : « j’y mets le social, toi t’y mets quoi ? ». Leur investissement du côté de l’intime, du lien amical et interpersonnel peut alors occulter la « contribution » de l’autre (sa présence, son respect, son écoute silencieuse...) ainsi que la beauté d’un monde interne qu’il a du mal à dévoiler. La femme, au lieu de comprendre que la capacité « d’être bien » seul constitue une force (sans forcément avoir systématiquement des amis autour de soi ou des sorties), celle-ci peut alors interpréter cette flegme ou incapacité sociale comme une tare.

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Comment l’homme compense t il ?

En effet, une personnalité plus solitaire et moins habile à manier le lien, aura peut-être compensé ailleurs, en développant des potentialités moins visibles : une force d’âme, une bonté, une sagesse, une acuité d’observation, une finesse de pensée, une profondeur... Sans tomber dans un discours de la « complémentarité » des sexes, qui peut renfermer ces derniers dans des rôles et des attitudes prédéfinis, disons-nous que « faiblesses » et « défauts » ne sont souvent que des perceptions sociales, derrière lesquelles se cache une infinité de ressources...